Des pro-Trump menacent déjà l’unité des républicains au Congrès américain

WASHINGTON, DC - DECEMBER 21: House Minority Leader U.S. Rep. Kevin McCarthy (R-CA) (C) arrives for an address by President of Ukraine Volodymyr Zelensky during a joint meeting of Congress in the House Chamber of the U.S. Capitol on December 21, 2022 in Washington, DC. In his first known trip outside of Ukraine since Russia invaded, Zelensky met with U.S. President Joe Biden and outlined Ukraine's request for continued military aid.   Win McNamee/Getty Images/AFP (Photo by WIN MCNAMEE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)

ÉTATS-UNIS - Ils ont remporté la majorité à la Chambre des représentants, n’ont pas encore été investis... mais sont déjà divisés. Les élus républicains à la chambre basse du Congrès américain s’écharpent depuis plusieurs semaines autour de l’élection de leur chef, qui doit avoir lieu ce mardi 3 janvier.

Les nouveaux membres du Congrès, élus lors des « midterms » de novembre, se réunissent à 12 heures (18 heures en France) afin de prêter serment pour deux ans. Si le parti démocrate a conservé d’un cheveu le Sénat, la Chambre des représentants passe, elle, dans l’opposition (à une très mince majorité).

« Les Américains sont prêts pour un tournant après deux années calamiteuses sous la direction du parti unique démocrate », estiment les élus républicains, qui ont promis d’ouvrir une kyrielle d’investigations sur la gestion par Joe Biden de la pandémie ou le retrait américain d’Afghanistan.

Toutefois, avant de lancer de telles hostilités, ils doivent s’accorder pour élire le président de la Chambre des représentants, ce qui n’a rien d’évident, tant les divisions au sein du parti sont fortes.

Kevin McCarthy fragilisé

L’élection du « Speaker », le troisième personnage le plus important de la politique américaine après le président et le vice-président, aura lieu mardi dans l’hémicycle, par un vote à la majorité simple.

Sept ans après sa première tentative, Kevin McCarthy, qui dirige depuis 2014 le groupe républicain à la Chambre, espère tenir sa revanche. Mais l’élu de Californie est fragilisé par la contre-performance des républicains aux élections de mi-mandat, la « vague géante » prédite par les conservateurs ne s’étant pas matérialisée.

Le parti ne dispose que de 222 sièges et il faudra 218 voix pour qu’il soit élu. Or un petit groupe d’élus d’extrême-droite et très proches de Donald Trump a fait savoir qu’il poserait ses conditions avant de le soutenir. Ils lui reprochent de ne pas défendre suffisamment l’ancien président.

Trois ont même publiquement dit qu’ils voteraient contre lui. « Kevin ne croit en rien, il n’a pas d’idéologie », a ainsi taclé Matt Gaetz, turbulent élu de Floride. Pourtant, même Donald Trump a enjoint ses supporters à mettre fin à leur « jeu très dangereux ». « Je pense que Kevin a travaillé très dur. Je pense qu’il mérite la place », a-t-il déclaré mi-décembre.

Marge de manœuvre réduite

Kevin McCarthy semble vouloir leur donner des gages pour éviter que l’histoire ne bégaie : en 2015, il avait déjà échoué de peu à devenir président de la Chambre des représentants face à une fronde de l’aile droite du parti. Il ne peut pas non plus se permettre d’aller trop loin et de s’aliéner les républicains modérés.

Bien que sa marge de manœuvre soit réduite, il ne dispose pas pour le moment de concurrent crédible. Seul le nom du chef de groupe Steve Scalise circule comme possible alternative sans que ses chances semblent sérieuses. Une chose est sûre, même si Kevin McCarthy parvient à se faire élire, il débutera à son poste dans une position de faiblesse, analyse le New York Times.

Si en revanche, aucun candidat ne parvient à obtenir la majorité des votes pour devenir speaker et remplacer la démocrate Nancy Pelosi, les élus devront revoter. Un tel scénario ne s’est pas produit depuis 1923, pointe encore le quotidien américain, et tant que personne n’est désigné, la Chambre ne pourra pas fonctionner.

La présidentielle 2024 dans le viseur

Avec les républicains majoritaires à la Chambre, Joe Biden et les démocrates ne pourront donc pas faire passer de nouveaux grands projets. Avec un Sénat aux mains des démocrates, leurs rivaux non plus.

Se retrancheront-ils dans une opposition systématique ? Il faudrait pour cela qu’ils arrivent à faire bloc, alors que certains de leurs élus ont - comme lors du vote du budget avant Noël - voté avec les démocrates. L’élection du « speaker » servira donc aussi à mesurer leur capacité de nuisance pour le président.

Être face à une Chambre hostile pourrait se révéler être une aubaine politique pour Joe Biden, s’il confirme son intention de se représenter en 2024 - décision qu’il doit annoncer en début d’année.

En cas de paralysie législative, il rejettera sans aucun doute la faute du blocage sur des républicains fragilisés, espérant ainsi tourner la situation à son avantage.

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