Prix des péages : que proposent les candidats à la présidentielle 2022 ?

Photo d'illustration (Photo MATTHIEU ALEXANDRE / AFP)

Avec une hausse moyenne de 2% au 1er février, la situation des autoroutes s'invite dans la campagne présidentielle.

Nouveau coup dur pour le pouvoir d'achat des automobilistes. Après la hausse des prix des carburants ces derniers mois, place à la hausse du prix des péages, + 2% en moyenne. Comme chaque année, leur prix est réévalué au 1er février, pour notamment prendre en compte l'inflation et les chantiers à venir.

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Campagne présidentielle oblige, le sujet s'est invité dans les programmes de nombreux candidats. Pour une grande partie d'entre eux, de l'extrême droite au parti communiste, l'idée est de renationaliser les sociétés gestionnaires d'autoroutes.

Une renationalisation immédiate

C'est l'idée la plus populaire, quel que soit le bord politique : la renationalisation des sociétés chargées d'exploiter les autoroutes. Mais à chacun sa méthode.

Marine Le Pen est favorable à la renationalisation, une position répétée depuis plusieurs mois : "Les autoroutes doivent appartenir aux Français qui les ont financées (...) je m’engage à renationaliser les autoroutes pour diminuer le prix des péages. Ce n’est que justice et respect des contribuables !", écrit la candidate du RN sur Twitter.

Même position pour Florian Philippot, également candidat à la présidentielle qui dénonce un "copinage d'État".

De l'autre côté de l'échiquier politique, le candidat Insoumis Jean-Luc Mélenchon est aussi favorable à la renationalisation des autoroutes dont il dénonce fréquemment la privatisation. La députée LFI Bénédicte Taurine a déposé une proposition de loi, rejetée, concernant la renationaliastion des sociétés exploitant les autoroutes, dans laquelle est prôné un rachat, par l'État, des concessions.

Une renationalisation "petit à petit"

C'est là que se fait la principale différence entre les candidats favorables à une renationalisation. D'un côté, ceux comme Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon qui prônent un rachat des concessions, et de l'autre, l'idée portée par Fabien Roussel, candidat communiste. "Je ne renouvellerai pas les concessions d'autoroutes, pour que l'État reprenne la main petit à petit sur toutes ces concessions (...) nous souhaitons renationaliser", a déclaré sur BFMTV Fabien Roussel, dénonçant le "scandale" de la privatisation des autoroutes.

Autrement dit, le candidat communiste préfère attendre la fin des concessions et que l'État garde ensuite la main. Car les concessions d'autoroute sont des contrats signés entre l'Etat et des entreprises privées (principalement Vinci, Eiffage et Abertis), qui peuvent exploiter durant plusieurs dizaines d'années les autoroutes, avec pour charge de les entretenir et de les moderniser, en contrepartie d'un péage payé par les usagers.

Une renationalisation immédiate très coûteuse

Les premières concessions arrivent à terme en 2031, et les principales en 2036. À partir du terme de ces contrats, l'État aura le choix de négocier un nouveau contrat avec des entreprises privées, ou d'en conserver l'exploitation.

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L'option privilégiée par Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, le rachat par l'État, permet de renationaliser plus rapidement les autoroutes, mais elle a un coût important. Bruno Le Maire affirmait en septembre que nationaliser les autoroutes coûterait à l'Etat "40 milliards d'euros alors que si on attend dix ou quinze ans, parce que ce sont des concessions, je le rappelle à Madame Le Pen, on peut récupérer ces autoroutes pour zéro euro". De son côté la députée insoumise Bénédicte Taurine a évalué le coût entre 15 et 16 milliards d'euros.

Une députée LREM veut "garder ce modèle"

Un sujet abordé en 2015 par Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie, devant le Sénat. "le coût de 40 milliards à 55 milliards d’euros peut être ramené à 20 milliards d’euros si l’on choisit d’en faire payer une bonne partie par nos concitoyens, l’autre partie étant consolidée dans la dette publique", expliquait-il.

Si Emmanuel Macron n'a pas encore déclaré sa candidature, et n'a donc pas pris position sur le sujet, l'avenir des concessions autoroutières a été abordé par la majorité. La députée LaREM Marie Lebec, se dit "contre cette nationalisation". "Je crois qu'il faut garder ce modèle. Ce serait extrêmement coûteux pour l'État. Ce serait une mauvaise opération pour l'État", expliquait-elle à RTL.

EELV veut une "interdiction des hausses des péages"

Du côté des écologistes, on ne s'est pas prononcé sur une renationalisation. La présidente du conseil politique de Yannick Jadot, Sandrine Rousseau, prône un "encadrement des tarifs et interdiction des hausses de péage". D'autres candidats n'ont pas pris position sur le sujet, comme Valérie Pécresse.

Si le candidat Éric Zemmour a dénoncé les prix des péages dans le volet automobile de son programme, il n'a pas évoqué l'avenir des concessions autoroutières. Le polémiste Eric Zemmour dénonçait, en 2014 "le scandale de la privatisation des autoroutes".

Le Sénat pointe une "rentabilité hors normes"

Plusieurs rapports parlementaires ont épinglé les concessions autoroutières. Le rapporteur de la commission d'enquête sur les concessions autoroutières, Vincent Delahaye, estime sur RTL qu' "entre status quo et nationalisation il y a des choses à faire. Je ne pense pas que l'Etat soit un excellent gestionnaire. Les sociétés d’autoroutes peuvent investir et baisser les tarifs sans problème", éclaire-t-il.

La privatisation de 2006 a rapporté à l’Etat 14,8 milliards d’euros. "Au-delà de 2022, les dividendes versés atteindraient environ 40 milliards d’euros, dont 32 milliards pour Vinci et Eiffage, à comparer avec les coûts d’acquisition des sociétés", pointe le rapport du Sénat, selon Public Sénat. Une rentabilité hors normes de 40 milliards d'euros qui a du mal à passer auprès des candidats à la présidentielle.

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