Cannabis : légalisation, dépénalisation, prohibition... qu'en pensent les candidats à la présidentielle 2022 ?

Yannick Jadot (EELV) fait partie des candidats favorables à la légalisation du cannabis.

Premier pays européen consommateur de cannabis, la France a l'une des politiques européennes les plus répressives en la matière. À quelques semaines de l'élection présidentielle 2022, voici ce que les candidats proposent sur cette thématique.

C'est un débat qui revient régulièrement sur la table : la légalisation du cannabis, ou du moins sa dépénalisation. La raison est simple, la France est le premier pays consommateur de cannabis en Europe, alors qu'elle a l'une des législations les plus sévères. Le cannabis est de très loin la substance illicite la plus consommée, aussi bien chez les adolescents qu'en population adulte, avec au total 18 millions de personnes l'ayant déjà essayé et 45 % des individus âgés de 18 à 64 ans, selon l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT). S'il s'agit d'un problème de santé publique, le cannabis est également lié à la sécurité en raison des problèmes que son trafic génère. Les candidats à la présidentielle n'hésitent donc pas à s'emparer du sujet à l'approche du scrutin.

  • Emmanuel Macron

Bien que la politique contre le cannabis reste répressive en France, Emmanuel Macron a tout de même "assoupli" la législation durant son quinquennat. Alors que la répression de la consommation de stupéfiants s'inscrivait dans le cadre d'une loi qui punissait d'un an d'emprisonnement et de 3 750 euros d'amende les usagers de drogues, les détenteurs de drogue s'exposent désormais à une amende forfaitaire fixée à 200 euros (minorée à 150 euros si le paiement intervient dans un délai de 15 jours et majorée à 450 euros au-delà de 45 jours). Ce dispositif entré en vigueur en septembre 2020 a pour but de soulager les policiers de procédures fastidieuses et de désengorger les tribunaux.

À LIRE AUSSI >> Présidentielle 2022 : les signes annonciateurs de la candidature de Macron

"Ceux qui prennent de la drogue doivent comprendre que, non seulement, ils mettent leur santé en danger, mais qu’ils alimentent aussi le plus grand des trafics. On se roule un joint dans son salon et à la fin on alimente la plus importante des sources d'insécurité...", avait déclaré le chef de l'État lorsqu'il a abordé le sujet pour la dernière fois en septembre dernier. En cinq ans, le probable candidat à la présidentielle 2022 a néanmoins multiplié les revirements. Il vantait ainsi les mérites de la dépénalisation en septembre 2016, avant de changer sa position quelques mois plus tard pendant la campagne de 2017.

  • Yannick Jadot

Le candidat EELV est favorable à la légalisation du cannabis afin de mieux encadrer la consommation de cette drogue douce, pour "se concentrer en termes de répression sur les drogues dures". Selon lui, les pays européens ayant mis en place la légalisation du cannabis ont constaté "une réduction des risques d'addiction, une réduction des maladies et notamment psychologiques liées aux addictions" ainsi que "la réduction des trafics". Le député, qui n'est pas favorable à la dépénalisation, estime qu'une légalisation permettrait de mobiliser les forces de l'ordre sur d'autres problématiques.

  • Marine Le Pen

Pour la candidate du RN, la légalisation du cannabis n'est "évidemment pas la solution". "Ceux qui pensent qu'en légalisant le cannabis, les dealers vont devenir producteurs de melons à Cavaillon sont au mieux des naïfs, au pire inquiétants. Il faut mener la guerre contre la drogue", avait-elle fermement indiqué au mois d'octobre dernier. Marine Le Pen propose de "mettre en prison ceux qui dealent" en adaptant les peines des dealers en fonction des quantités de drogue qu'ils détiennent. Au micro de France Inter, elle avait déclaré que la légalisation du cannabis ne ferait que "déplacer la criminalité".

  • Jean-Luc Mélenchon

Comme Yannick Jadot, le leader de La France insoumise se prononce en faveur de la légalisation du cannabis. Lors de la dernière élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon estimait déjà que le meilleur moyen de combattre le cannabis est de procéder à sa légalisation, et de le traiter de la même manière que l'alcool ou le tabac, c'est-à-dire de l'accompagner d'une campagne de prévention. Selon lui, les opérations de police dans ce domaine sont "un gâchis de temps et d’énergie", et rappelle que "la prohibition n'a rien donné".

  • Valérie Pécresse

Interrogée au mois d'avril dernier sur la question, la candidate LR à la présidence de la République avait exprimé son opposition à la légalisation du cannabis pour "deux raisons" : il s'agit d'une substance "mauvaise pour la santé" et cela "fait sauter l'interdit sur la drogue", selon elle. "Si on légalise le cannabis, on légaliserait à un certain taux de THC, un certain taux de drogue. Que feront les dealers ? Ils ne vont pas se faire priver de leurs revenus, donc ils iront dealer autre chose", avait-elle déclaré.

À LIRE AUSSI >> Prix des péages : que proposent les candidats à la présidentielle ?

Elle est en revanche favorable à l'amende pénale : "Il faut taper au portefeuille les consommateurs et il faut arrêter de faire des procédures judiciaires qui duraient des années et qui aboutissaient à des rappels à la loi."

  • Philippe Poutou

"Stop à la répression"... Philippe Poutou est lui favorable à la légalisation du cannabis. Si sa parole est peu entendue en ce début de campagne présidentielle, le candidat du NPA avait déclaré lors de la dernière élection présidentielle qu'il souhaitait légaliser le cannabis pour arrêter la politique répressive des derniers gouvernements français.

  • Fabien Roussel

Le candidat du PCF est opposé à la légalisation du cannabis, mais pas à la dépénalisation. Fabien Roussel a admis qu'un grand débat sur le sujet était nécessaire, en rappelant qu'il est quelqu'un de "très ouvert et prêt à en parler", lors du Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI.

  • Éric Zemmour

Contrairement à tous les autres candidats de droite, Éric Zemmour n'est pas contre l'idée de légaliser le cannabis. S'il n'a pas abordé le sujet depuis qu'il est officiellement candidat à la présidence de la République, il avait indiqué en mai dernier que "la répression ne marche pas". "Je me demande si on ne devrait pas organiser la légalisation ordonnée du cannabis", avait-il indiqué sur le plateau de CNews.

  • Anne Hidalgo

L'actuelle maire de Paris et candidate du PS à la présidentielle n'a pas explicitement donné son avis sur la légalisation ou la dépénalisation du cannabis, mais elle avait évoqué la mise en place d'un "plan antidrogue" en 2018. "Bien sûr qu’il y a un problème. Vous savez, il y a des quartiers qui sont complètement pourris par la drogue. Et pour moi, le sujet n’est pas tant de savoir s'il faut légaliser ou pas la consommation du cannabis, c'est de savoir s'il n'y a pas un plan contre la drogue qui doit être porté par ce pays avec force car c'est une économie qui vient abîmer tout", analysait-elle.

VIDÉO - Cannabis récréatif : l'Allemagne veut légaliser