Pourquoi l’électricité était-elle gratuite ce lundi en Norvège, dans les deux plus grandes villes du pays ?

L’électricité est devenue gratuite le temps d’une journée ce lundi à Oslo et Bergen, les deux plus grandes villes de Norvège.
L’électricité est devenue gratuite le temps d’une journée ce lundi à Oslo et Bergen, les deux plus grandes villes de Norvège.

ENVIRONNEMENT - C’est l’avantage du renouvelable. L’électricité est devenue gratuite le temps d’une journée ce lundi 4 septembre, à Oslo et Bergen, les deux plus grandes villes de Norvège, où les prix sont même tombés légèrement dans le rouge. En cause : un été particulièrement pluvieux.

En Norvège, la production d’électricité repose à 90 % sur l’hydraulique. Le prix du kWh est donc corrélé au niveau des précipitations : plus il pleut ou neige, plus les réservoirs sont remplis, et moins l’électricité est chère. « La météo est la clé, le facteur fondamental qui décide à la fois du niveau de l’offre et de celui de la demande », résume ainsi l’analyste Lene Hagen, du cabinet de consultants spécialisé Volue.

L’été 2023 est un cas d’école : en août, la tempête « Hans » a frappé la Scandinavie, provoquant inondations et glissements de terrain, et les fortes pluies estivales ont, dans le sud du pays, eu pour effet de remplir à ras bord les réservoirs des barrages qu’un hiver relativement doux n’avait pas complètement vidés.

Résultat : le prix spot du kWh, avant taxes et frais d’utilisation du réseau, devait osciller entre 0 et -0,3 couronne (3 centimes d’euro) ce lundi à Oslo, la capitale, et à Bergen, la deuxième ville du pays située sur la côte ouest, selon le site d’information spécialisé Europower. D’autant que les températures, clémentes pour la saison, tournaient autour de 25 °C le même jour dans la capitale, limitant ainsi la demande.

Sur Nord Pool, première bourse de l’électricité en Europe, le prix de gros du MWh atteignait en moyenne -1,42 euro à Oslo et Bergen ce lundi. Un prix négatif signifie que les compagnies paient les consommateurs pour écouler leur production - mais en incluant les taxes et frais d’accès au réseau, les Norvégiens en sont toujours de leurs poches.

« Les réservoirs sont tellement remplis que les producteurs doivent les vider pour éviter qu’ils ne débordent et pour faire de la place en prévision des précipitations à venir cet automne », décrypte Lene Hagen.

S’adapter au dérèglement climatique

Toute la Norvège n’est pas logée à la même enseigne : le pays est découpé en cinq zones tarifaires et seules deux des trois zones situées le plus au sud ont vu le prix du kWh tomber légèrement dans le rouge. Reliée au reste de l’Europe par plusieurs câbles électriques sous-marins, la troisième, la plus méridionale, devait quant à elle composer avec un kWh à 0,96 couronne, soutenu par les prix sur le continent.

En toile de fond de ces variations des factures d’électricité : le changement climatique. Selon les climatologues, le réchauffement de la planète va se traduire et se traduit déjà en Europe du Nord par des précipitations plus nombreuses et plus intenses.

En août, les températures en Norvège ont dépassé de 0,9 °C la normale saisonnière et, après un mois de juillet déjà pluvieux, les précipitations y ont été de 45 % supérieures aux niveaux habituels, indiquait l’Institut météorologique norvégien la semaine dernière. « Toute cette pluie, y compris la tempête Hans, contient en soi des éléments de changement climatique », commentait la chercheuse Anita Verpe Dyrrdal, citée dans un communiqué.

Selon Europower, c’est la deuxième fois que les prix de l’électricité sont négatifs dans certaines régions de Norvège, la première remontant au 8 août dernier, dans le sillage immédiat de la tempête « Hans ». Ces prix ne peuvent pas se maintenir durablement, prévient Lene Hagen : « naturellement, les prix vont sensiblement augmenter chaque semaine dans les mois à venir, à mesure que les températures baissent et que la demande augmente ».

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