Poite et Raynal vont intégrer la FFR pour enrayer le déclassement de l'arbitrage français
Raynal et Poite, deux poids lourds au chevet de l’arbitrage
Romain Poite avait quitté les terrains en juin 2022. Après trois Coupes du monde au compteur, 72 tests et des années de Top 14, il avait ensuite rejoint le RC Toulon. Mais, à la rentrée prochaine, il reviendra dans le giron de la FFR et sera rejoint par Mathieu Raynal, qui, lui, va bientôt ranger son sifflet, avec qui il formera un duo iconique. "Aujourd’hui, nos arbitres travaillent bien mais ils doivent être meilleurs. Et pour être meilleurs, il faut qu’on les accompagne plus", a expliqué aujourd’hui Jean-Marc Lhermet, vice-président de la FFR en charge du haut niveau et des officiels de matches.
Lhermet a confirmé à demi-mot que ces deux hommes, issus de la même génération (48 ans pour Poite, 42 pour Raynal), seraient au travail pour développer et moderniser quelque peu l’image de l’arbitrage. "On est en fin de réflexion et la mise en œuvre de ce plan se fera la saison prochaine. Romain Poite et Mathieu Raynal font partie des gens qu’on aimerait intégrer à cette organisation en tant que leaders du projet." Franck Maciello sera toujours à la Direction technique nationale de l’arbitrage mais le duo Poite-Raynal va être directement en contact avec les arbitres de haut niveau.
Ils seront notamment chargés des débriefings de match, de noter et classer les arbitres. Ils vont les chapeauter pour les "challenger" et définir une voie de progression commune. "Les clubs ont énormément évolué, ils se sont structurés", poursuit Lhermet. "Les joueurs aussi ont évolué et l’arbitrage a été le parent pauvre de l’évolution du rugby. Nous allons œuvrer pour créer de meilleures conditions pour qu’ils puissent s’entraîner." Plus de professionnalisation, de moyens, à raison de deux millions de budget alloués (un million en provenance de la FFR, un autre de la LNR) pour un corps qui compte actuellement 28 membres sous contrat de prestation avec la FFR, mais seulement deux qui ne font que ça, Raynal et Brousset.
(Enfin) communiquer autour de l’arbitrage
Laissez le vide, les autres le rempliront. Ces derniers mois, en cas de polémique, jamais l’arbitrage ne monte au créneau. Avec les clubs, au sein des médias, sur les réseaux sociaux, les arbitres subissent beaucoup de critiques sans jamais ne pouvoir répondre ni s’expliquer. L’idée serait de consolider une communication, rare sur le sujet, comme le précise Lhermet: "il y a la relation avec les clubs puis le travail avec l’environnement pour améliorer le relationnel. Le rugby est composé du public, des médias et des institutions. On a constaté ces derniers temps de plus en plus de problématiques liées à l’arbitrage qui sont mises en avant. Donc l’idée est de mieux travailler, notamment avec les médias, sur les règles, sur la relation avec l’arbitre, comment il travaille…"
Ne plus subir les polémiques et prendre le sujet en main, quitte à aller se justifier. Poite et Raynal ont l’image d’hommes assez à l’aise avec les micros, comme ils l’étaient (ou l’est encore pour le moment pour Raynal) avec les joueurs sur le terrain. Histoire aussi de ne pas laisser s’installer un climat de défiance autour d’un rôle jusque-là sacré dans ce sport. "La première raison pour laquelle les parents mettent les gamins au rugby, c’est le respect", rappelle le président de la FFR Florian Grill. "On sera intransigeant, notamment sur les violences envers les arbitres. Le message que l’on passe aujourd’hui, c’est ‘intransigeance’ à ce niveau-là. C’est une frontière à ne pas dépasser. Le jour où on lâche sur le terrain de ces valeurs-là, le rugby meurt."
Peser à nouveau à l’international
Lors de la dernière Coupe du monde en France, il y avait un unique arbitre de champ qui officiait, Mathieu Raynal. Et le seul Pierre Brousset pour l’accompagner en tant qu’arbitre assistant. Quatre ans avant, ils étaient quatre arbitres principaux et un assistant! A la touche, Ruiz; au centre, Poite, Gaüzère, Raynal et Garcès, lequel avait arbitré la finale entre l’Afrique du Sud et l’Angleterre. C’est dire le déclassement de l’arbitrage français à l’international en quelques saisons et son influence en baisse par la même occasion. Poite et Raynal seront également là pour y remédier.
"Il y a cette vision à l’international", confirme Lhermet. "On a perdu de notre impact, on a de moins en moins d’arbitres qui officient. On doit retrouver notre rôle. Mathieu Raynal devrait notamment travailler sur cet aspect-là des choses. Naturellement ça se fera car on espère que nos arbitres seront meilleurs et qu’ils seront plus à même d’arbitrer les plus grands matchs mondiaux." Un travail de fond, auprès de World Rugby et le patron… français de l’arbitrage mondial Joël Jutge.