Euro 2024: trajets trop longs, imprévus, nuits courtes... Les Bleus agacés par l’organisation de l’UEFA

0h35 mardi à Düsseldorf, après la victoire 1-0 de l'équipe de France face à l’Autriche pour ses débuts à l'Euro. Didier Deschamps et l'ensemble du staff montent à peine dans le car qui doit les ramener à leur camp de base situé à Bad Lippspringe. Le sélectionneur a chaussé ses lunettes et au bout de cinq minutes, il décide de descendre à la porte automatique, à côté du chauffeur. Il s'empresse de demander à Mohamed Sanhadji, le Monsieur sécurité des Bleus, quand le départ est programmé. Quelques minutes avant, à la fin de la conférence de presse, Deschamps déclarait: "On est pressé et on n'a pas d'escorte policière." Au programme: trois heures de route, entre 80 et 100km/h, pour rallier leur hôtel. Kylian Mbappé, toujours présent à l'hôpital pour son nez cassé, va lui rentrer directement en mini-van avec un ostéopathe et un membre de la sécurité des Bleus. Le tout en lien avec un agent de liaison de l'UEFA chargé de la logistique et dédié à l'équipe de France.

Ce long trajet, et plus globalement l'organisation de l'UEFA, peu favorable à une récupération rapide, a agacé les joueurs et le staff. Publiquement, cet agacement français est aujourd'hui très limité. En effet, les Français s’étonnent de constater que l’escorte allemande n’a rien à voir avec leurs habitudes en France. Il y a une présence policière, certes, mais pas de motards qui ouvrent la voie et font gagner du temps. "C'est vrai que les conditions n'étaient pas top. On a eu presque trois heures de bus pour rentrer. C'est quelque chose qui compte pour la récupération. On ne va pas en faire tout un plat mais ça pourrait être géré d'une autre manière", raconte Adrien Rabiot, présent ce mercredi matin face aux médias.

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De nombreux imprévus

Des contraintes sont rapidement apparues sur la route pour aller au stade du Düsseldorf le jour du match. A l'intérieur du car, chacun tente de s’occuper comme il peut. Téléphone portable, musique, jeux vidéo... Kylian Mbappé réussit lui à trouver le sommeil, en s’appuyant sur sa veste contre la vitre. Mais le car a finalement terminé sa route sans l'escorte policière. La raison: les autorités ont voulu faire passer le groupe France par une voie réservée aux piétons qui allaient au stade. Durant ce trajet entre l’hôtel Lindner où logent les Bleus et la Merkur Spiel-Arena, le bus se retrouve dans des embouteillages. La délégation tricolore se retrouve même coupée en deux. Les vans transportant les officiels et partenaires de la FFF avaient été lâchés sur le trajet.

Ajoutez à cela la séance de veille de match contre l'Autriche qui s'est finalement déroulée au Paul-Janes Stadion au nord de Düsseldorf, petite enceinte de 7200 places et visible par de nombreux curieux. Un changement de dernière minute puisque l'UEFA tenait à préserver la pelouse du stade où se déroulait le match. De quoi, là aussi, titiller l'encadrement de l'équipe de France qui a peu apprécié ce dispositif. Les joueurs ont été obligés de remonter dans le car en tenue d'entraînement pour se changer et se doucher à l'hôtel, qui était à 25 minutes de route. Un lieu ponctuel de résidence où certains joueurs se sont retrouvés avec dans leurs chambres deux petits lits collés.

Une stratégie globale de l'organisation

Les Pays-Bas, futurs adversaires des Bleus, ont eux joué le dimanche à 15h contre la Pologne, et peuvent se vanter d'avoir un temps de récupération plus important. "On a deux nuits de moins qu'eux, mais on ne va pas commencer à se chercher des excuses. Ça va être un match difficile. On essaye de récupérer un maximum. On a encore deux jours pour récupérer", précise William Saliba. La grande majorité du groupe France a précisé que le trajet aller mais aussi retour de Düsseldorf était trop long. Un membre de la délégation rigolait sur place, en décrivant un "déplacement scolaire".

Mais alors pourquoi en est-on arrivé là? Toutes ces mesures entrent dans le cadre de la stratégie environnementale, sociale et de gouvernance de l’Euro 2024. Pendant l’édition 2016, plus de 75% des transferts d'équipes aux matchs de phase de groupes ont été effectués par avion. En Allemagne, ce chiffre tombera à 25%, les transferts en train ou en car étant le mode de transport préféré. "Les sélections étaient toutes au courant de ce programme de l'UEFA. Peut-être qu'il y a des adaptations à la marge qui devront se produire. Mais elles montrent l'exemple, elles montrent que l'avion n'est pas essentiel dans un pays comme l'Allemagne. Il faut aussi que cet Euro puisse servir de modèle pour l'avenir du football européen", fait savoir un cadre de l'instance européenne.

Du côté de la FFF, on juge que la promesse faite d’un temps de trajet maximum d’1h30 pour chaque déplacement en bus n’est clairement pas tenue. Toutes les nations ont globalement respecté les recommandations de l'UEFA. L'Espagne est un peu plus pointée du doigt. Cette équipe possède son camp de base assez éloigné des lieux de matchs.

Pour le prochain match, vendredi à Leipzig face aux Néerlandais, les Bleus prendront l'avion. Mais lors du déplacement pour le troisième match (Pologne, 25 juin) à Dortmund, plus près du camp de base, un dernier trajet en bus est prévu. A partir des huitièmes de finale, l'organisateur n'impose plus des trajets en cars. Didier Deschamps devrait alors privilégier systématiquement des trajets en avion, quelle que soit la distance.

Article original publié sur RMC Sport