Noël: un enfant sera-t-il forcément déçu si on lui offre un cadeau qui n'est pas sur sa liste?

À un peu moins d'un mois du grand jour, certains enfants ont déjà envoyé leur lettre au Père Noël. D'autres hésitent encore sur le contenu de leur commande. Et pour les parents, grands-parents, oncles, tantes ou cousins, c'est bientôt le moment de se pencher sur l'épineuse question: quel cadeau offrir aux enfants de la famille? Et surtout: est-on obligé de s'en tenir à la fameuse liste?

Pour la psychologue Béatrice Copper-Royer, aucune raison de s'y conformer à tout prix. "Noël, c'est aussi de la surprise", estime pour BFMTV.com cette spécialiste de l'enfance et de l'adolescence.

"Quand on fait un cadeau, on peut aussi être créatif, inventif et fantaisiste. Ce n'est pas qu'un bon de commande sur Amazon."

C'est d'autant plus vrai pour les enfants les plus jeunes - soit avant l'entrée au collège. "Pour les moins de 11 ans, Noël est avant tout quelque chose de magique, un moment enchanteur qu'ils attendent avec impatience et excitation", remarque cette psychologue. "Il y a du bon à ce qu'ils découvrent un cadeau auquel ils ne s'attendraient pas."

"Prudence" avec les adolescents

C'est moins le cas pour les adolescents. "Il faut être plus prudent avec eux", met en garde Béatrice Copper-Royer, également autrice de Comprendre et protéger son adolescente: réseaux sociaux, rapport aux corps, sexualité, comportements à risque (éd. Marabout). "Ils ont des idées bien précises sur ce qu'ils attendent."

Comme tel vêtement ou telle paire de baskets... "Si on leur en offre une autre, ils seront clairement déçus", observe cette psychologue. "L'idée, c'est quand même de faire plaisir. Tant qu'à dépenser un peu d'argent, autant que ce soit pour quelque chose qu'ils aiment vraiment."

"Quand on offre un cadeau, il n'est pas question de se faire plaisir à soi mais à l'enfant à qui on l'offre", abonde Patricia Mozdzan, psychologue clinicienne, psychothérapeute et psychanalyste.

Elle prend l'exemple d'une personne qui demanderait à Noël une paire de bottes marron mais à qui on offrirait une paire de bottes vertes, "sous prétexte que la personne qui les offre les trouve plus jolies ou qu'elle a décrété que le vert vous allait mieux".

"Ça ne vous fera pas plaisir. C'est pareil pour un ado ou un enfant."

"Ne pas nier le désir de l'enfant"

Faire plaisir, c'est également la recommandation du psychologue pour enfants Jean-Luc Aubert, auteur de la chaîne Youtube "Questions de psy". "N'offrir aucun cadeau que désirerait l'enfant parce que l'adulte les jugerait non adaptés ou inintéressants, c'est nier les envies de l'enfant, et in fine nier l'enfant", prévient-il pour BFMTV.com.

Car si les adultes peuvent davantage se projeter dans un cadeau qui accompagnerait l'enfant dans le développement de certains de ses apprentissages ou compétences, les enfants restent dans un plaisir immédiat, "dans l'ici et maintenant", rappelle encore Jean-Luc Aubert, également auteur de l'ouvrage Les Sept piliers de l'éducation.

"L'essentiel est de prendre en compte le désir de l'enfant", estime ce spécialiste.

Ce qui n'empêche pas, selon ce psychologue, de combiner un cadeau de la liste et un cadeau surprise ou plus éducatif. "Mais dans ce cas-là, j'invite la personne qui offrirait ce cadeau à y jouer avec l'enfant afin de lui faire découvrir, de l'accompagner et de lui en montrer l'intérêt", poursuit-il.

La solution du compromis

Que faire si la liste de l'enfant ne présente que des cadeaux qui vont à l'encontre des valeurs des parents? Comme des armes en plastique ou des jouets particulièrement genrés? Béatrice Copper-Royer prône le compromis.

"Une petite fille qui ne demanderait que des jouets très girly ou un set de ménage, on peut n'en conserver qu'un de la liste et l'associer à autre chose, comme un kit de bricolage, de jardinage ou de construction", propose-t-elle.

Un conseil que formule également la psychologue, conseillère conjugale et familiale Patricia Mozdzan, qui recommande par ailleurs la sobriété. "On peut tout à fait imaginer que des parents laissent l'enfant choisir dans le catalogue, tout en se mettant d'accord sur un budget, mais le prévienne qu'il n'aura qu'un seul cadeau de cette liste", propose-t-elle.

Quant aux grands-parents, oncles, tantes, cousins et belle-famille, cette professionnelle leur préconise de demander d'abord l'avis des parents. "C'est comme une liste de mariage, c'est mieux de se concerter", observe-t-elle. Au risque d'offrir, pour la deuxième ou troisième fois, quelque chose que l'enfant a déjà, ou pire, qui serait contraire aux valeurs de la famille. "Autant éviter les tensions supplémentaires à Noël."

Article original publié sur BFMTV.com