"On ne guérit pas vraiment": 9 ans après l'attentat de Charlie Hebdo, le dessinateur Riss se confie

Une douleur toujours présente. Neuf ans jour pour jour après l'attentat dans les locaux de Charlie Hebdo, qui a fait 12 morts en 2015, le dessinateur et directeur de publication du journal satirique Riss, qui a été blessé dans l'attaque, se confie à France info ce dimanche 7 janvier et évoque ses difficultés.

"Je crois qu'on ne guérit pas vraiment", assure-t-il, 9 ans après avoir été grièvement blessé et avoir vu plusieurs de ses amis être abattus.

"Ça reste toujours présent et je pense que c'est comme ça pour toutes les personnes qui sont victimes de terrorisme ou même de violences tout court", analyse-t-il.

Le 7 janvier "a fait sauter des digues"

Visiblement pessimiste, le journaliste assure qu'il était inquiet dès 2015 de la tournure qu'allaient prendre les événements, alors que quelques mois après l'attaque de Charlie Hebdo, les attentats du 13 novembre 2015 allaient de nouveau endeuiller le pays.

"Nous avons toujours eu l'impression que ce qui s'était passé le 7 janvier inaugurait alors quelque chose de nouveau. Cela a fait sauter des digues et des gens se sont sentis désinhibés, se sont crus autorisés à commettre eux aussi des violences", dit-il.

"C'est presque devenu un attentat de référence pour certains", analyse-t-il froidement.

Face à ce terrible constat, le dessinateur appelle à ne surtout pas baisser les bras. "Après l'attentat de Charlie Hebdo, on pouvait avoir l'espoir un peu naïf que tout allait se résorber de lui-même. En fait, rien ne se résorbe tout seul", prévient-il.

"C'est l'action humaine, politique, militante qui fait que des idées comme la laïcité peuvent se maintenir. Si on ne fait rien, oui, des valeurs comme la laïcité vont se déliter car elles doivent être défendues tout le temps", assure-t-il.

Une méconnaissance de la laïcité chez les jeunes

Il souligne également qu'il ne faut pas oublier les jeunes. "On s'aperçoit qu'il y a une méconnaissance chez la jeune génération, d'abord une méconnaissance de l'histoire de la laïcité", dit-il.

Déplorant que certains adolescents fassent montre d'un "rejet" sur cette question, il estime dans le même temps "qu'il y a peut-être un manque de pédagogie à ce sujet-là".

"Il faut reformer chaque génération", rappelle-t-il.

Une "complaisance" de certains élus sur l'islamisme

Sévère sur la classe politique, Riss dénonce une "complaisance" pour l'islamisme de la part de certains élus, sans les nommer.

"La lutte contre cette idéologie, c'est une épreuve, ça demande de la détermination, ça demande du temps", appelle-t-il.

"C'est plus facile de dire que c'est légitime que de dire l'inverse, car de dire que c'est illégitime induit le fait qu'il va falloir l'affronter, et l'affronter c'est difficile", regrette-t-il encore, évoquant aussi un "calcul politique" de la part de membres de l'extrême gauche.

Article original publié sur BFMTV.com