"Je ne suis pas un assassin!": Nicolas Zepeda plaide son innocence à la fin de son procès dans l'affaire Narumi Kurosaki

L'heure de vérité pour Nicolas Zepeda. La cour d'assises de la Haute-Saône va rendre son verdict ce jeudi et dire si le Chilien, jugé en appel, est coupable de l'assassinat de son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki. "Je ne suis pas un assassin", a déclaré l'accusé juste avant que la cour ne se retire pour délibérer.

"Je ne suis pas un assassin, je n'ai pas tué Narumi, je ne sais pas comment le dire autrement", a-t-il martelé.

Le verdict ne devrait pas être rendu avant plusieurs heures, concluant un procès qui a connu plusieurs moments d'intense émotion, notamment lors des témoignages déchirants de la mère et des deux sœurs de Narumi, qui ont dit à la barre leur deuil impossible en l'absence du corps de la jeune femme.
La réclusion criminelle à perpétuité, sans peine de sûreté, a été requise à l'encontre de Nicolas Zepeda par l'avocat général. Étienne Manteaux a aussi demandé une interdiction définitive de territoire une fois la peine purgée. L'an passé, le Chilien aujourd'hui âgé de 33 ans avait été reconnu coupable et condamné à 28 ans de réclusion.

"Crédibilité anéantie"

Narumi Kurosaki a disparu en décembre 2016. "Tout conduit vers Nicolas Zepeda dans la mort de Narumi Kurosaki", a-t-il martelé dans son réquisitoire. Bien que le corps de l'étudiante japonaise n'ait jamais été retrouvé, le magistrat a insisté sur la "solidité des charges" à l'encontre de l'accusé.

Dans la chambre universitaire de la Japonaise, dans la nuit du 4 au 5 décembre 2016, la jeune femme a sans doute refusé de reprendre le fil de leur relation, il l'a "étouffée" ou "étranglée" avant de se débarrasser du corps dans une zone boisée où il avait fait des repérages, selon le scénario proposé aux jurés par l'avocat général. Ce dernier voit en Nicolas Zepeda l'"auteur évident" du crime, "dévoré (...) par son délire de possession".

Tout au long de ce deuxième procès, durant lequel il s'est exprimé dans un excellent français, l'accusé est souvent apparu en difficulté, peinant à se justifier sur de nombreux points du dossier ou sur ses revirements. "Il a tellement menti dans ce dossier que la crédibilité de sa parole est anéantie", a estimé Etienne Manteaux.

"Je ne lui trouve aucune circonstance atténuante", a-t-il encore asséné, évoquant, à l'instar de l'avocate de la famille de Narumi, Sylvie Galley, le terme de "féminicide".

Dossier "vide"

Nicolas Zepeda a ainsi concédé "quelques mensonges", reconnaissant par exemple s'être rendu en France pour rencontrer Narumi Kurosaki et renouer avec elle, alors qu'il prétextait jusqu'alors une rencontre fortuite avec son ex. Mais sur l'essentiel, à savoir sa culpabilité, il est resté inflexible : il n'a pas tué Narumi.

En défense, Mes Renaud Portejoie et Sylvain Cormier ont critiqué l'enquête et tenté d'instiller le "doute" dans l'esprit des jurés en pointant les "zones d'ombre abyssales" qui peuplent selon eux le dossier, de même que le manque de preuves permettant à leurs yeux de déclarer leur client coupable.

Me Cormier a notamment esquissé l'hypothèse d'une possible disparition volontaire de Narumi Kurosaki, une jeune femme éventuellement "en rupture" avec sa famille. Me Portejoie a exhorté les jurés à acquitter Nicolas Zepeda, avançant un scénario alternatif, celui de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner : lors d'une dispute, la tête de Narumi aurait heurté un radiateur de sa chambre, lui causant un traumatisme crânien qui aurait pu entraîner une mort rapide.

"Les crimes sans corps, c'est le vide" qui "alimente le fantasme", a-t-il estimé.

En cas de nouvelle condamnation, le Chilien, fils d'un ancien cadre d'une entreprise de télécoms, pourrait encore se pourvoir en cassation.

Article original publié sur BFMTV.com