Dans un navire-hôpital non loin de Gaza, soigner les blessures et les traumatismes de la guerre

Des tentes installées dans un navire-hôpital émirati dans le port égyptien d'Al-Arish pour soigner des blessés évacués de la bande de Gaza, le 4 juillet 2024 (Giuseppe CACACE)
Des tentes installées dans un navire-hôpital émirati dans le port égyptien d'Al-Arish pour soigner des blessés évacués de la bande de Gaza, le 4 juillet 2024 (Giuseppe CACACE)

A bord d'un navire-hôpital ancré à quelques kilomètres de la bande de Gaza, dans le port égyptien d'Al-Arish, un médecin examine un garçon palestinien de neuf ans, amputé d'une jambe, tout en l'écoutant parler de ses parents restés sous les bombes.

La cas de Yazan, évacué seul du territoire palestinien ravagé par la guerre, illustre la mission particulière du personnel de cet hôpital flottant, appelé à s'occuper de patients et de leurs proches pendant des semaines, voire des mois, en essayant de panser à la fois leurs blessures physiques et psychologiques.

"Au début (...) il était difficile de s'occuper de Yazan, parce qu'il était émotif, il avait besoin de sa mère ou de son père", raconte Abdallah Al-Zahmi, le directeur médical adjoint de ce navire-hôpital affrété par les Emirats arabes unis.

"Mais au fil des jours, nous avons commencé à le traiter comme un membre de la famille", poursuit-il.

Aujourd'hui, le petit garçon est "notre idole avec son attachement à la vie et son sourire permanent", dit le médecin émirati.

Assis dans l'une des tentes faisant office de chambre, Yazan apprend qu'il aura bientôt une prothèse et ne cache pas son enthousiasme.

"Je veux marcher et jouer au football", dit-il, en mentionnant son joueur préféré, Cristiano Ronaldo. "J'aimerais retourner à Gaza et vivre avec mes parents", ajoute-t-il.

Depuis le début de ses activités en février, l'hôpital a soigné plus de 2.400 blessés de Gaza évacués vers l'Egypte, à l'issue de procédures complexes, par le poste-frontière de Rafah, avant que celui-ci ne soit fermé quand les soldats en ont pris le contrôle début mai du côté palestinien.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque du Hamas qui a entraîné la mort de 1.195 personnes en Israël, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

L'offensive israélienne menée en représailles a fait plus de 38.000 morts et des dizaines de milliers de blessés dans le territoire palestinien, selon le ministère de la Santé du Hamas.

- "Soutien psychologique " -

Ancré dans le port de la ville égyptienne d'Al-Arish, sur la Méditerranée, à environ 40 kilomètres de la frontière avec la bande de Gaza, le navire de 200 mètres de long compte 200 lits, dont la moitié est réservée aux proches des blessés.

Plus qu'un hôpital, c'est une "communauté", offrant "des espaces de vie, de l'internet haut débit, des espaces extérieurs pour jouer et se reposer, et un lieu de prière", explique Abdallah Al-Zahmi.

Dans les couloirs entre les tentes alignées sous le pont, des patients et leurs proches se rassemblent et discutent, parfois de leurs blessures, souvent même de leur douleur.

Fadia al-Madhoun, une femme de 44 ans, accompagne son mari blessé dans un bombardement israélien.

"Nous avons quitté la maison sans avoir pris de vêtements ni quoi que ce soit d'autre, ils nous ont tout donné", affirme cette Palestinienne, y compris "un soutien psychologique pour les enfants" venus avec elle.

Après l'hôpital flottant, certains seront transférés aux Emirats arabes unis, qui se sont engagés à soigner 1.000 enfants blessés ainsi que 1.000 patients atteints de cancer. D'autres poursuivront leurs traitements dans des unités de soin égyptiennes ou seront logés dans des appartements mis à leur disposition en Egypte.

En attendant, Abdallah Al-Zahmi fait de son mieux pour rassurer les fillettes qui se précipitent vers lui pour le saluer lors de sa tournée quotidienne dans les tentes.

"Nous avons vu beaucoup de familles qui ont perdu leurs enfants et des personnes qui ont perdu leur père et leur mère, nous comprenons leurs souffrances", dit-il.

"Nous écoutons et nous essayons de leur faire accepter, mais nous avons beau les consoler, la blessure est profonde et reste dans les mémoires", confie le médecin.

am/saa/sg