Mort de Benoît XVI : Le Vatican en terre inconnue pour les funérailles d’un ex-pape

Dans cette photo d’archive prise le 25 décembre 2011, le pape Benoît XVI donne la bénédiction « Urbi et Orbi » depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre au Vatican.
TIZIANA FABI / AFP Dans cette photo d’archive prise le 25 décembre 2011, le pape Benoît XVI donne la bénédiction « Urbi et Orbi » depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre au Vatican.

DÉCÈS - La mort d’un pape démissionnaire n’était pas dans les scénarios prévus par le Vatican. Après le décès de Benoît XVI à 95 ans ce samedi 31 décembre tôt dans la matinée, les funérailles se préparent déjà depuis quelques jours avec beaucoup d’inconnues pour le Saint-Siège.

À la mort d’un pape, funérailles et succession sont en effet réglées comme du papier à musique, mais le Vatican s’aventure en terra incognita après la disparition de Benoît XVI, qui a démissionné voici près de dix ans, en raison d’une santé défaillante.

D’ordinaire, la mort du souverain pontife enclenche la convocation rapide d’un conclave au cours duquel les cardinaux élisent son successeur. Un scénario forcément exclu dans le cas de Benoît XVI puisque François lui a déjà succédé en 2013.

Alors quel protocole choisir ? Les autorités vaticanes y travaillent depuis la brusque aggravation ces derniers jours de l’état de santé de Joseph Ratzinger, qui a surpris le monde entier en devenant le premier pape à démissionner en six siècles. Mais elles œuvrent dans le plus grand secret et n’ont pour l’heure rien révélé de leurs intentions.

Funérailles traditionnement menées par les cardinaux

Selon la Constitution apostolique promulguée en 1996 par Jean-Paul II, un pape doit être enterré entre quatre et six jours après sa mort. Le calendrier est en général décidé par les cardinaux venus du monde entier pour cette occasion. Ils observent aussi neuf jours de deuil en hommage au pape défunt, une solennité portant un nom latin : les « novemdiales ».

Ce sont traditionnellement les cardinaux - parmi lesquels est élu le futur pape - qui sont à la manœuvre en raison du vide de pouvoir créé par le décès du pontife, mais ce n’est pas le cas ici puisque le pape François tient fermement la barre.

En 2005, le corps de Jean Paul II, dernier pape en date à avoir décédé, avait été exposé avant de solennelles funérailles place Saint-Pierre en présence de nombreux chefs d’État et de gouvernement et de têtes couronnées. La cérémonie avait été présidée par le cardinal Joseph Ratzinger, alors tout-puissant chef de la congrégation pour la Doctrine de la foi qui allait ensuite être élu par ses pairs au trône de saint Pierre.

Un million de personnes avaient assisté aux funérailles du très charismatique pape polonais. En tant qu’ancien pape, Benoît XVI devrait lui aussi avoir des funérailles place Saint-Pierre, sauf instructions particulières de sa part.

Bien que sa popularité n’ait jamais atteint celle de Jean Paul II, le pape allemand, chef de l’Église catholique de 2005 à 2013, est un ancien chef d’État et à ce titre son enterrement devrait attirer une foule de hauts dignitaires et de fidèles.

Petite différence pour le rite des obsèques

Son biographe officiel, le journaliste allemand Peter Seewald, avait révélé en 2020 qu’il souhaitait être inhumé dans la tombe de Jean Paul II, dans la crypte de Saint-Pierre. Cette tombe est vide depuis le transfert du cercueil de Jean Paul II dans une chapelle latérale à l’occasion de sa béatification en 2011.

Pour Mgr Claudio Magnoli, expert du Vatican en liturgie interrogé par l’AFP, « le rite prévu pour les obsèques des papes sera respecté, étant donné que Ratzinger fut pape ». « La différence essentielle est qu’elles pourraient être présidées par un pape en fonction, c’est-à-dire (le pape argentin Jorge) Bergoglio, alors que jusqu’ici ce rôle revenait au doyen des cardinaux ou à un autre cardinal », a-t-il souligné.

Quelle que soit l’option retenue, le dernier mot reviendra à François. Lorsqu’un pape meurt, son anneau pontifical, une bague faite spécialement pour chaque nouveau pape et qui était jadis utilisée comme sceau pour les documents, est également détruit. Pour Benoît XVI, l’anneau a seulement été barré d’un « X » sur les armes papales après sa renonciation, pour le rendre inutilisable.

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