Menacée de dissolution par Gérald Darmanin, l'association Academia Christiana rejette les accusations

Academia Christiana riposte. Après avoir annoncé avoir porté plainte pour diffamation contre Gérald Darmanin, qui a déclaré vouloir dissoudre le mouvement de catholiques traditionalistes, celui-ci rejette les accusations qui sont portées contre lui.

Dimanche, le ministre de l'Intérieur a annoncé sur Brut qu'il présenterait "dans les semaines qui viennent" en Conseil des ministres la dissolution d'Academia Christiana. Les autorités reprochent plusieurs choses au mouvement, qu'une source proche du dossier a détaillé lundi à BFMTV.

Des appels à la violence?

D'abord, elles estiment que l'association provoque explicitement au combat et encourage de manière ciblée le recours à la violence physique contre ceux qui sont désignés comme des adversaires, à savoir les militants de gauche, les forces de l’ordre et plus généralement la République française.

"C’est lunaire", commente l'association dans un communiqué ce mercredi 13 décembre. "En droit français, la légitime défense n’est ni un délit ni un crime. Au contraire, la légitime défense est un acte autorisé par le droit français", ajoute-t-elle.

"L’association n’a évidemment jamais appelé à de telles actions et dans son courrier l’administration n’en donne aucune preuve concrète", affirme-t-elle aussi.

Un hommage à Robert Brasillach

Sur CNews, Gérald Darmanin a aussi affirmé lundi que "cet été, ils ont notamment fait l'apologie de l'antisémitisme" et leur a imputé "un très grand soutien à la collaboration et au Maréchal Pétain".

Dans son communiqué, l'association répond que ce constat se base uniquement sur le fait qu'elle propose dans sa bibliographie des ouvrages de Robert Brasillach et de Charles Maurras. Elle souligne qu'elle propose aussi des livres plutôt classés à gauche et qu'il ne s'agit que de deux auteurs "parmi des centaines d'autres".

D'après la source proche du dossier toutefois, l'administration reproche aussi à l'association le contenu des conférences qu'elle organise puis diffuse sur YouTube et la publication d'un article rendant hommage à Robert Brasillach. Ce dernier a été condamné à mort à l'issue de la Seconde Guerre mondiale pour sa participation active à la collaboration, mais l'article affirme qu'il "n’a pas eu d’autre politique que celle de l’amitié nationale" et "d’autre souci que la réconciliation et la fraternité".

Une association soutenue par l'extrême droite

Enfin, selon cette source proche du dossier, le ministère estime qu'à travers son discours, ses références et le choix de ses intervenants, l’association promeut la discrimination et la haine à l’encontre des personnes de confession juive, immigrées, homosexuelles et des femmes. Academia Christiana répond qu'"à aucun moment l’association, les dirigeants ou les membres de l’association n’ont été condamnés en justice pour de tels faits", même si une condamnation préalable n'est pas nécessaire pour dissoudre une association.

Fondée en 2013 par des jeunes proches de la mouvance identitaire, Academia Christiana se présente comme un institut de formation "intégrale", à la fois "spirituelle, morale, intellectuelle et sportive".

Cette organisation est présidée par Victor Aubert, professeur de français et philosophie à l'Institut Croix des Vents à Sées (Orne), un établissement scolaire privé hors contrat dirigé par la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, institut traditionaliste reconnu par Rome. Après l'annonce de sa prochaine dissolution, Academia Christiana a reçu sur les réseaux sociaux de nombreux soutiens à l'extrême droite, notamment dans la mouvance proche d'Éric Zemmour.

Article original publié sur BFMTV.com