Academia Christiana: Darmanin va demander la dissolution du mouvement catholique traditionaliste

Lors de son interview accordée au média Brut ce dimanche 10 décembre, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé qu'il présenterait "dans les semaines qui viennent" en Conseil des ministres la dissolution d'Academia Christiana, un mouvement de catholiques traditionalistes d'extrême droite.

Ces derniers jours, deux autres groupuscules d'ultradroite ont été dissous, dont la division Martel. En ce qui concerne l'association lilloise La Citadelle, la procédure de dissolution a été enclenchée.

Le ministre de l'Intérieur a précisé qu'"au moins trois autres groupes d'ultradroite" étaient dans le viseur des services de renseignement, sans donner de détails.

"Violence physique et recours aux armes"

"Nous présenterons la dissolution d'Academia Christiana en Conseil des ministres dans les semaines qui viennent", a déclaré le ministre auprès de Brut.

"L'association provoque explicitement au combat et encourage de manière ciblée le recours à la violence physique contre ceux qui sont désignés comme des adversaires, à savoir les militants de gauche, les forces de l’ordre et plus généralement la République française", explique à BFMTV une source proche du dossier.

"Sous prétexte d'une prétendue menace pesant sur les Français", ce groupe "légitime de façon récurrente la violence physique et le recours aux armes", a précisé à l'AFP une source proche du dossier.

Academia Christiana utilise "un vocabulaire guerrier et incite de manière explicite ses militants à s'armer et à partir en 'croisade'", a ajouté cette source.

"Exalte la collaboration"

En outre, cette dissolution est envisagée car "elle exalte la collaboration". Dans une vidéo publiée sur la chaîne Youtube de l'association, l'abbé Roch Perrel fait l'apologie de la collaboration en rendant hommage au régime de Vichy, appelant à se rendre au cimetière du Grand-Bornand pour "pieusement prier pour les miliciens qui ont été exécutés à la libération".

En février 2023, Academia Christiana a également publié sur son site un article qui rend hommage à Robert Brasillach, figure éminente de la collaboration et de l'extrême droite antisémite. On peut y lire que "Brasillach n'a pas eu d'autre politique que celle de l'amitié nationale. Il n'a pas eu d’autre souci que la réconciliation et la fraternité. Il n'a pas eu d’autre vœu que le bonheur".

Selon une source proche du dossier, la dissolution d'Academia Christiana est également motivée car elle provoque à la discrimination, la haine ou la violence envers "des personnes de confession juive, des immigrés, des homosexuels et des femmes".

"Tous d'honnêtes pères et mères de famille"

Fondée en 2013 par des jeunes proches de la mouvance identitaire, Academia Christiana se présente comme un institut de formation "intégrale", à la fois "spirituelle, morale, intellectuelle et sportive".

Cette organisation est présidée par Victor Aubert, professeur de français et philosophie à l'Institut Croix des Vents à Sées, dans l'Orne, un établissement scolaire privé hors contrat dirigé par la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, institut traditionaliste reconnu par Rome.

"En voulant nous dissoudre, le gouvernement s'en prend une fois de plus aux catholiques, qu'il considère comme des citoyens de seconde zone", a réagi Academia Christiana sur son site internet, en accusant l'exécutif de chercher à "interdire toute pensée ou réflexion en dehors de l'idéologie laïciste et consumériste".

"A l'heure où les coups de couteau fusent matin, midi et soir, la priorité de la République est de dissoudre un institut de formation dont les cadres sont tous d'honnêtes pères et mères de famille", a déploré l'organisation, qui prévoit de "contester cette procédure absurde" devant le Conseil d'Etat.

Haro sur l'ultradroite

Après l'annonce de sa prochaine dissolution, Academia Christiana a reçu sur les réseaux sociaux de nombreux soutiens à l'extrême droite, notamment dans la mouvance proche d'Éric Zemmour.

"L'État de droit chez Darmanin, c'est ne pas pouvoir expulser des jihadistes, ne pas tirer sur des criminels qui menacent la police, ne pas dissoudre la Jeune Garde (mouvement "antifa", NDLR), laisser prospérer les Frères musulmans, mais pouvoir dissoudre des associations pacifiques en claquant des doigts", a fustigé sur X le fondateur de Reconquête!.

Article original publié sur BFMTV.com