Maurice: le commissaire de police revendique plus de pouvoir et appelle la justice à trancher

À Maurice, un procès sans précédent secoue la scène judiciaire. Le commissaire de police a décidé de s'opposer frontalement au directeur des poursuites publiques, l'équivalent d'un procureur général. Face à des échecs répétés dans des affaires sensibles et parfois politiques, la police revendique des pouvoirs de mise en accusation provisoire des suspects.

Avec notre correspondant à Port-Louis, Abdoollah Earally

Dans un procès inédit à Maurice, le commissaire de police Anil Kumar Dip a sollicité la Cour suprême pour clarifier ses pouvoirs d'arrestation et de mise en accusation provisoire. Cette démarche fait suite à plusieurs échecs judiciaires de la police dans des affaires très médiatisées, impliquant parfois des opposants politiques.

Le commissaire de police affronte des réticences de la part de l’autorité de justice criminelle (le bureau directeur des poursuites publiques), à prolonger la détention de suspects inculpés sur une base provisoire.

Pour étayer sa demande, le commissaire a invoqué l'article 71 de la Constitution et a engagé un avocat britannique, Paul Ozin, porteur du titre de King's Counsel, pour plaider sa cause. Lors de sa plaidoirie, cet avocat a estimé que l’autorité de justice criminelle (le directeur des poursuites publiques) a négligé délibérément les recommandations policières.

La police réclame du coup, au-dela de ses pouvoirs d'arrestation, le droit à l'inculpation provisoire, prérogatives traditionnellement détenues par la justice.

De son côté, l'avocat de la défense, Me Sanjay Bhuckory, a soutenu que Maurice est un État démocratique, et non un état policier.

Le procès vient de commencer et pourrait s'étendre sur plusieurs mois, voire des années.


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