Pour Manuel Bompard, il n'y a "aucune ambiguïté" de LFI dans la lutte contre l'antisémitisme
Le dépôt d'une gerbe par des élus LFI à proximité du Vel d'Hiv' a été perturbé par des manifestants qui ont traité les députés de "collabos". Manuel Bompard a dénoncé "cette comparaison" et a réaffirmé sa volonté de ne pas défiler lors de la marche contre l'antisémitisme aux côtés du Rassemblement national.
Un rassemblement contre l'antisémitisme organisé par La France insoumise (LFI), près de l'emplacement de l'ancien Vel d'Hiv', a été perturbé ce dimanche matin à Paris par des manifestants qui reprochent au parti de Jean-Luc Mélenchon son positionnement depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas. Une poignée d'entre eux ont lancé l'expression "collabos".
"Il n'y a aucune ambiguïté. Si maintenant le fait de vouloir rendre hommage en déposant des gerbes devant le monument du Vel d'Hiv' pour lutter contre l'antisémitisme, c'est une ambiguïté, c'est que vous avez perdu la raison", a lancé Manuel Bompard, le coordinateur de LFI sur BFMTV.
Un recueillement pour le Vel d'Hiv' pour manifester contre l'antisémitisme sans aller à la marche
Portant des pancartes "Touche pas à la mémoire", "Touche pas au Vel d'Hiv'", plusieurs dizaines de manifestants ont perturbé le rassemblement qui avait pour but de déposer des gerbes de fleurs au square des Martyrs juifs du Vélodrome d'Hiver, dans le 15e arrondissement.
Le Vélodrome d'Hiver a été en 1942 le théâtre de la rafle de milliers de juifs qui y avaient été regroupés avant d'être déportés dans les camps d'extermination nazis.
Un rassemblement plus important prévu par LFI avait été interdit par la Préfecture de police de Paris, mais le dépôt de fleurs avait été autorisé.
Dans le cortège, des "gens qui ont participé à la division Charlemagne"
La présence des députés insoumis permettait d'occuper le terrain alors que le mouvement n'a pas souhaité participer à la marche contre l'antisémitisme qui aura lieu ce dimanche après-midi, à l'initiative du président du Sénat Gérard Larcher et de la présidente de l'Assemblée nationale Gérard Larcher.
"Quant j'entends La France insoumise être associée au mot 'collabo', je dénonce cette comparaison", a encore lancé Manuel Bompard.
"C'est une insulte qui fait référence à la collaboration. Cet après-midi, il y aura dans le cortège des gens qui ont participé à la division Charlemagne, ça devrait vous choquer", avance encore l'élu, en faisant référence à cette division de l'armée allemande qui a accueilli en son sein des Français volontaires qui ont combattu sous uniforme allemand pendant le Troisième Reich.
"Ceux qui participent à la manifestation font une grave erreur"
Le député des Bouches-du-Rhône, très proche de Jean-Luc Mélenchon, pointe du doigt l'histoire du Rassemblement national. Le mouvement a notamment été co-fondé par un ancien Waffen-SS. Jean-Marie Le Pen a quant à lui été condamné à plusieurs reprises pour avoir tenu des propos antisémites.
Le dirigeant actuel du parti, Jordan Bardella, a dit "ne pas croire" que Jean-Marie Le Pen était "antisémite" la semaine dernière avant de rétropédaler.
Les socialistes, les écologistes et les communistes ont, eux aussi, affiché leur malaise mais seront présents lors de la marche à Paris. Ils ont lancé l'idée d'un "cordon sanitaire", sans guère de précision. Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, a jugé, lui, que le RN "n'avait pas sa place" dans cette manifestation.
"Je considère que ceux qui participent à la manifestation (aujourd'hui) font une grave erreur", a encore jugé Manuel Bompard.
Plusieurs députés insoumis, souvent considérés comme des "frondeurs", participeront, eux à la marche contre l'antisémitisme depuis Strasbourg organisé par la Licra, comme François Ruffin, Alexis Corbière et Raquel Garrido.
Article original publié sur BFMTV.com
VIDÉO - Un rassemblement de LFI contre l'antisémitisme perturbé par des contre-manifestants