Jordan Bardella reconnaît que Jean-Marie Le Pen s'est "évidemment enfermé dans un antisémitisme"

Jordan Bardella fait polémique depuis qu'il a considéré dimanche sur BFMTV que Jean-Marie Le Pen n'était pas antisémite. Le président du RN reconnaît une "maladresse" ce jeudi, refusant néanmoins de qualifier le co-fondateur du FN d'antisémite.

Face à la polémique, Jordan Bardella plaide finalement une forme de "maladresse", tout en fustigeant aussi bien ses "opposants politiques" que "les journalistes", coupables à ses yeux d'avoir créé un "écran de fumée".

Jean-Marie Le Pen "s'est évidemment enfermé dans un antisémitisme", affirme le président du Rassemblement national sur CNews ce jeudi, essayant ainsi d'éteindre l'incendie qu'il a lui même déclenché sur BFMTV dimanche, en disant ne pas croire que le "Mehnir", était antisémite. Cela, alors même que le co-fondateur du FN a été condamné à plusieurs reprises pour ce motif.

"Écran de fumée"

Si le ton se veut affirmatif, Jordan Bardella ne renie pas vraiment ses déclarations pour autant. Antisémite Jean-Marie Le Pen? "Ses propos l'étaient", concède seulement le député européen, qui dit ne "jamais" avoir "échangé avec lui sur ce sujet", pour justifier son refus de le qualifier ainsi.

Quant à sa "maladresse", il l'impute au fait d'avoir "considéré que le temps du retour à Jean-Marie Le Pen était derrière nous". Une "maladresse" "utilisée par beaucoup de manière malhonnête", accuse-t-il.

Jordan Bardella brasse large, fustigeant tout aussi bien ses "opposants politiques" que les "journalistes", qui chercheraient à "créer un écran de fumée", selon lui. À ses yeux, il s'agirait de "rediaboliser" le RN, qui tente pourtant l'opération inverse depuis des années sous l'égide de Marine Le Pen.

Cela masquerait, estime également l'élu de 28 ans, la "racine réelle de l'antisémitisme décomplexé qui s'est abattu sur le pays depuis le 7 octobre" du Hamas contre Israël. Jordan Bardella l'impute à "l'islam radical".

"Rupture franche, nette et définitive"

À l'image de la défense prônée par son collègue Jean-Philippe Tanguy sur BFMTV-RMC ce jeudi, Jordan Bardella évoque "une rupture franche, nette et définitive avec la personnalité politique de Jean-Marie Le Pen" en 2015. Cette année-là, Marine Le Pen a suspendu son père du parti après que l'ex-candidat à la présidentielle a réaffirmé ses propos tristement célèbres qualifiant les chambres à gaz de "détail de l'histoire", et également refusé de "considére[r] le maréchal Pétain comme un traître".

Une façon de distinguer l'actuelle leader du Rassemblement national de son père, ainsi que du Front national co-fondé par Jean-Marie Le Pen aux côtés notamment de l'ancien Waffen-SS Pierre Bousquet.

Pas sûr que les justifications du patron du parti à la flamme suffisent à clore la polémique, d'autant que celle-ci s'inscrit dans le contexte de la présence de sa formation à la marche contre l'antisémitisme prévue dimanche.

La venue de Marine Le Pen et de ses troupes est sur toutes les lèvres, entre le refus de LFI de participer au rassemblement pour cette raison et les précautions prises aussi bien par les autres formations de gauche, ainsi que Renaissance.

Communistes, écologistes et socialistes proposent de mettre en place un "cordon républicain", tandis que Stéphane Séjourné, patron du parti présidentiel, a assuré qu'il ne défilerait pas "derrière la même banderole" que le RN.

Mercredi soir, les présidents des deux chambres du Parlement ont indiqué sur TF1 qu'ils défileraient "en tête du cortège", mais pas "à côté du RN". "Ce n'est pas un rassemblement politique, ce n'est pas un meeting, nous n'avons invité aucun parti politique", a déclaré Yaël Braun-Pivet, appelant à ne "pas salir le message" de cette marche "avec des polémiques stériles".

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Marche contre l'antisémitisme: l'introuvable union nationale