"Un moment de gravité": Tanguy défend la présence du RN à la marche contre l'antisémitisme

Le Rassemblement national riposte face à la polémique. Invité ce jeudi matin de BFMTV-RMC, le député Jean-Philippe Tanguy tente de légitimer la présence de sa formation à la marche contre l'antisémitisme, organisée ce dimanche à l'initiative de Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, respectivement présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat.

"Il faut être dans le réel", se défend Jean-Philippe Tanguy, soulignant un "moment de gravité", illustrée par la montée des actes antisémites en France depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël. "Le réel aujourd’hui (...) c’est que notre pays est défiguré par la plus grande vague d’antisémitisme qu’a connu le pays depuis la Seconde Guerre mondiale", insiste l'élu de la Somme.

Mathilde Paris, symbole du malaise

La présence de son parti - doublée de celle de Reconquête - à ce rassemblement suscite de nombreuses réactions, entre le refus de La France insoumise d'y participer et les réserves émises par les autres formations de gauche, ainsi que Renaissance.

Communistes, écologistes et socialistes proposent de mettre en place un "cordon républicain", tandis que Stéphane Séjourné, patron du parti présidentiel, a assuré qu'il ne défilerait pas "derrière la même banderole" que le RN. Du côté du gouvernement, le porte-parole Olivier Véran a quant à lui estimé que le parti à la flamme "n'a pas sa place" dans cet événement.

La polémique autour du RN monte d'autant plus que Jordan Bardella a affirmé ce dimanche sur BFMTV que Jean-Marie Le Pen, qui a cofondé le FN aux côtés d'un ancien Waffen-SS, n'était pas antisémite. Cela, alors même que le "Mehnir" a été condamné pour ce motif.

Preuve du malaise: cette interview de la députée RN Mathilde Paris sur notre antenne ce mercredi. Jean-Marie Le Pen est-il antisémite? La parlementaire esquive une première fois. Relancée, elle reste silencieuse, puis fini par lâcher: "À titre personnel, je pense qu'il l'était. Voilà".

"Polémique totalement artificielle"

Sur BFMTV-RMC, Jean-Philippe Tanguy tente d'éteindre l'incendie. Le président délégué du groupe RN à l'Assemblée s'inscrit dans les pas de Jordan Bardella, qui, la veille, a assuré "ne pas réfuter" les condamnations de Jean-Marie Le Pen. "Les propos qu’a tenus Jean-Marie Le Pen ont été condamnés. Ils ont été condamnés parce qu’ils étaient condamnables", concède seulement le trentenaire, refusant néanmoins de qualifier directement son aîné d'antisémite.

"Personne ne le sait et ça n'intéresse personne", élude cet ancien proche de Nicolas Dupont-Aignan, qui a rejoint le RN en 2020.

Jean-Philippe Tanguy cherche à se délaisser du passé de sa formation, au moment où celle-ci voit revenir le spectre de la diabolisation, dont elle veut à tout prix s'écarter depuis des années. Avec Jean-Marie Le Pen, aujourd'hui âgé de 95 ans, "la page a été tournée en 2015", assure-t-il.

Cette année-là, sa fille l'a suspendu du FN, devenu RN en 2018, après que l'ex-candidat à la présidentielle a réaffirmé ses propos tristement célèbres qualifiant les chambres à gaz de "détail de l'histoire", et également refusé de "considére[r] le maréchal Pétain comme un traître".

"La question essentielle, c'est les actes", défend Jean-Philippe Tanguy avant d'accuser, sans aucun fondement, le "petit milieu parisien" de vouloir "créer une polémique totalement artificielle".

La veille, les présidents des deux chambres du Parlement ont indiqué sur TF1 qu'ils défileraient "en tête du cortège", mais pas "à côté du RN". Sans pour autant éconduire la formation de Marine Le Pen. "Ce n'est pas un rassemblement politique, ce n'est pas un meeting", a déclaré Yaël Braun-Pivet appelant à ne "pas salir le message" de cette marche "avec des polémiques stériles".

Article original publié sur BFMTV.com