Malawi d’amour

5 h 30. Le soleil se lève tôt au Malawi. On prend tout notre temps pour plier la tente et décider de l’itinéraire de la journée. À vrai dire, on n’a pas vraiment de programme, à part se laisser porter et louvoyer au bord du lac jusqu’à trouver un autre campement qui nous plaît. Le grand luxe.

Cet après-midi, le ciel du Malawi ressemble à un tableau de Magritte. Une étendue bleue mouchetée de petits flocons, balayée par des vents venus de loin. Au fil des kilomètres, c’est de plus en plus beau. Tout est petit, les villages, les parcelles. La géographie est douce et nous enveloppe. Dans ce décor surréaliste, seuls roulent quelques vélos, motos et de rares voitures.

Escale à Nkhata Bay, un village d’environ 15 000 habitants. On dirait que tout le monde se connaît et s’échange des sourires dans la rue principale, très animée. Pause déjeuner dans un restaurant tenu par Johan, un jeune chef hollandais, et sa femme. Anciens volontaires internationaux, ils sont tombés amoureux du Malawi au point de venir ouvrir un restaurant il y a quelques années. Malheureusement, la pandémie de Covid est arrivée et le couple a l’air un peu au bout du rouleau.

Parfois, avec notre regard de voyageur émerveillé, sans cesse renouvelé, on passe à côté des réalités d’un territoire. On voit souvent le verre totalement plein, qui déborde presque, en se concentrant sur tout ce qui est beau. Une manière de fuir le désespoir, sans doute, et de réenchanter le voyage. Mais Johan nous rappelle que le Malawi, peuplé de 20 millions d’habitants, est un des pays les plus pauvres de la planète, qui dépend énormément de l’aide internationale et dont seulement 15 % de la population a accès à l’électricité. Il ajoute que les Malawites sont heureux de revoir des étrangers, des mzungu.

Le personnel des ONG et les quelques touristes jouent un rôle important dans l’économie locale et la création d’emplois. Le long isolement du Malawi pendant la pandémie a eu des conséquences désastreuses. Dans ce pays déjà touché par plusieurs maladies, des centaines d’humanitaires ont été rapatriés dans leur pays d’origine au moment où l’on avait le plus besoin d’eux. Ironie du sort. Une pandémie arrive et les médecins quittent le navire. Depuis le printemps, les organisations voient progressivement le retour de leurs travailleurs.

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