Maisara Baroud, un dessinateur dans l’horreur de la guerre

“I am still alive” [“Je suis encore vivant”]. C’est par cette phrase que le Gazaoui Maisara Baroud accompagne depuis le 7 octobre les dessins qu’il publie chaque jour sur ses réseaux sociaux. Piégé dans l’enclave palestinienne sous les bombes israéliennes, ce quadragénaire puise dans son art un peu de réconfort.

“Le dessin est devenu ma manière à moi de surmonter un peu la mort. Dessiner, c’est pour moi un moyen de briser le blocus, et par conséquent d’effacer et de défier les frontières et les barrières placées par l’occupation”, écrit-il dans un texte publié par le quotidien britannique The Guardian.

Dessin de Maisara Baroud.. Photos Faisal Saleh/courtesy of Palestine Museum US
Dessin de Maisara Baroud.. Photos Faisal Saleh/courtesy of Palestine Museum US

Cela fait des années que Maisara Baroud poste des illustrations en noir et blanc, réalisées au stylo à l’encre noire. “J’adore faire ça, confie-t-il. J’ai toujours veillé à m’y atteler chaque jour, quelles que soient les difficultés rencontrées et malgré la perte de mon bureau personnel, de ma maison, de mon atelier de dessin et de tous mes livres et outils, détruits par la machine de guerre.”

Car la guerre à Gaza a complètement altéré sa vie et celle de sa famille. Ils ont dû déménager dix fois et partagent désormais une maison avec 25 autres familles palestiniennes, vivant dans la crainte d’être tués d’un jour à l’autre par l’armée israélienne.

Dessiner est alors une manière de survivre mais aussi de documenter les atrocités.

Dessin de Maisara Baroud.. Photos Faisal Saleh/courtesy of Palestine Museum US
Dessin de Maisara Baroud.. Photos Faisal Saleh/courtesy of Palestine Museum US

“Au lieu de crier, je dessine, et mes dessins sont comme un appel lancé en pleine guerre pour demander l’arrêt de cette tuerie… Et pour que le monde prenne conscience de ce qui se passe à Gaza et de son univers confiné.”

Maisara Baroud, dans le Guardian

Ses traits sont devenus plus acérés et le noir plus présent dans ses dessins au fil des mois, reflétant son désespoir. “La guerre a englouti tous mes petits rêves, et les ténèbres recouvrent maintenant tout ce qui nous entoure”, se désole Maisara Baroud dans le Guardian.

Dessin de Maisara Baroud.. Photos Faisal Saleh/courtesy of Palestine Museum US
Dessin de Maisara Baroud.. Photos Faisal Saleh/courtesy of Palestine Museum US

“Certaines scènes et événements font désormais partie de notre quotidien, comme les tueries, les démolitions, le déracinement, la destruction, la famine, la déportation, la peur, l’inquiétude et la tristesse ; autant de scènes que je rends [dans mes dessins] sans avoir à faire appel à mon imagination.”

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