Macron recevra-t-il l’intersyndicale sur la réforme des retraites ? Ces ministres ne veulent pas se mouiller

POLITIQUE - Ni oui, ni non. Ce mercredi 8 mars, au lendemain de la mobilisation la plus massive à ce jour contre la réforme des retraites, et après la demande martelée par l’intersyndicale d’être reçue par Emmanuel Macron, aucun des membres du gouvernement ne s’avance sur la réponse du président de la République.

« Ce n’est pas moi qui fais l’agenda du président de la République », esquive par exemple Olivier Dussopt, ministre du Travail sur France Inter. Un discours repris peu ou prou, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article, par Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement qui, donc, « ne parle pas au nom de l’Élysée », par le ministre délégué aux Transports Clément Beaune ainsi que par son collègue des Comptes publics Gabriel Attal.

La veille, l’intersyndicale s’est pourtant insurgée contre « le silence du président de la République (qui) constitue un grave problème démocratique ».

« En responsabilité, l’intersyndicale adressera un courrier lui demandant à être reçue en urgence pour qu’il retire sa réforme », écrivent les représentants des centrales. Ce à quoi, dans la foulée, l’entourage d’Emmanuel Macron a répondu que « la porte de l’exécutif est toujours restée ouverte ». Sans plus de précisions.

« Il y a un temps pour tout »

Ce mercredi matin, aucun des ministres n’est d’ailleurs allé plus loin que cette déclaration sibylline. Certains d’entre eux ont rappelé que le président de la République a reçu en juin 2022, soit six mois avant la présentation du texte, « tous les syndicats, à l’exception de la CGT qui n’a pas voulu venir », comme l’a souligné Olivier Véran sur RTL. Et le porte-parole du gouvernement de citer encore le chantier du CNR et la déclaration présidentielle à Rungis en marge du Salon de l’Agriculture, comme autant de preuves de l’engagement du chef de l’État sur ce dossier phare de son second quinquennat.

« Il y a un temps pour tout », a estimé de son côté Gabriel Attal sur le plateau de RMC et BFMTV. À l’unisson avec plusieurs de ses collègues, le ministre du Budget a sorti la carte du « respect des institutions » pour justifier un éventuel refus - ou une absence de réponse - de la présidence. « Ce dont je suis certain, c’est que si aujourd’hui le président de la République recevait les syndicats, vous trouveriez les oppositions pour dire ’regardez il interfère avec le temps du Parlement, il fait de l’ingérence dans le processus parlementaire’ », détaille-t-il.

« Ce sont la Première ministre et le gouvernement qui sont en train de mener ce texte dans son cheminement parlementaire », rappelait quelques instants plutôt le porte-parole du gouvernement. Au sein du gouvernement justement, le porteur du texte Olivier Dussopt s’est redit être « à la disposition de l’intersyndicale, si elle le souhaite ».

Cela suffira-t-il aux syndicats ? Avant la présentation du texte, tous les représentants des centrales ont été reçus à Matignon par la Première ministre et le ministre du Travail. Le gouvernement s’était félicité de ces échanges et argue encore aujourd’hui qu’ils ont permis « d’améliorer » le texte, par exemple sur « la pénibilité, les droits des femmes, des invalides » pour citer Olivier Véran. Mais les leaders des centrales ont fait un autre compte rendu de cette rencontre, déplorant que le gouvernement refuse catégoriquement de discuter du recul de l’âge légal de départ à la retraite.

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