Médecine de guerre : innover pour sauver des vies

Un an après le début du conflit en Ukraine, comment chirurgiens et réanimateurs opèrent-ils sur le terrain ? La médecine de guerre, une discipline qui obéit à des protocoles très particuliers, bénéficie désormais d'équipements à la pointe de la technologie et de formations inédites. Revue de détail.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°912, daté février 2023.

Karkhiv, à 30 kilomètres de la frontière avec la Russie et à quelques pas des lignes de front. Dans l'abri anti-bombes de la cave de leur hôtel, le Pr Raphaël Pitti et le Dr Pierre Catoire forment des médecins à l'échographie d'urgence. La veille, les deux formateurs français de l'ONG Mehad avaient installé leur matériel dans une salle de l'hôtel, mais les alertes à la bombe incessantes les ont forcés à dispenser leurs cours dans le sous-sol de l'établissement. Durant deux jours d'octobre 2022, 12 soignants ukrainiens - cardiologues, chirurgiens urgentistes, anesthésistes-réanimateurs - vont être formés à l'utilisation sur le champ de bataille d'une nouvelle génération d'échographes.

L'objet pèse 90 grammes, tient dans une poche et comprend deux sondes, une pour le thorax et l'autre pour le cœur. La sonde est reliée en Wi-Fi à un smartphone. En un coup de main, le médecin peut dégainer l'outil et ausculter un blessé. "Lorsqu'un malade se plaint de fortes douleurs dans le thorax, il faut savoir s'il souffre d'un épanchement sanguin ou si ce sont simplement ses fibres musculaires qui sont douloureuses - ce qui ne relève pas d'une urgence sur un terrain de guerre - pour éviter des opérations inutiles ", explique Raphaël Pitti, professeur agrégé en médecine d'urgence et de catastrophe, et responsable des formations à l'ONG Mehad. Avec l'échographie portative, il est possible de voir en un clin d'œil ce qui se passe dans l'abdomen. S'il ne contient pas de sang, le médecin peut se concentrer sur un autre blessé.

L\'échographe portatif relié à un smartphone permet au médecin de hiérachiser les priorités (à gauche). Des bras de mannequins sont utilisés pour la formation à la perfusion par voie veineuse (ci-dessus). Crédit : COURTESY MEHAD -  COURTESY MEHAD
L\'échographe portatif relié à un smartphone permet au médecin de hiérachiser les priorités (à gauche). Des bras de mannequins sont utilisés pour la formation à la perfusion par voie veineuse (ci-dessus). Crédit : COURTESY MEHAD - COURTESY MEHAD

L'échographe portatif relié à un smartphone permet au médecin de hiérarchiser les priorités (à gauche). Des bras de mannequins sont utilisés pour la formation à la perfusion par voie veineuse (à droite). Crédit : COURTESY MEHAD - COURTESY MEHAD

L'innovation, à laquelle les 12 soignants formeront à leur tour leurs collègues, est donc potentiellement cruciale pour la prem[...]

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