Ce que l'on sait sur le mystérieux "ballon espion" chinois repéré dans le ciel des États-Unis

Un ballon de la taille de trois bus et de nombreuses interrogations. Le Pentagone a indiqué jeudi suivre à la trace les mouvements d'un ballon espion chinois volant à haute altitude au-dessus du territoire des États-Unis et de sites militaires sensibles, précisant qu'il ne représentait pas de menace directe.

• Repéré depuis "plusieurs jours", pas de danger immédiat

"Le ballon se déplace actuellement à une altitude bien supérieure au trafic aérien commercial et ne présente pas de menace militaire ou physique pour les personnes au sol", a rassuré dans un communiqué le département de la défense (DOD)

Le commandement de la défense aérospatiale des États-Unis et du Canada (Norad) continue de suivre attentivement la trajectoire de l'objet. Sur Twitter, Dan Satterfield, un météorologiste, a estimé la trajectoire de l'objet, qui serait passé par l'Alaska et le Canada.

Le ballon, "de la taille de trois bus", selon CNN, est entré dans l'espace aérien des États-Unis "il y a plusieurs jours" mais le renseignement américain le surveillait déjà avant l'annonce de sa découverte ce jeudi. Ce n'est pas la première fois que l'armée américaine constate une telle intrusion dans l'espace aérien. Mais cette fois, le ballon est resté beaucoup plus longtemps.

• "Aucun doute" sur l'origine du ballon

La situation est donc prise très au sérieux par les autorités américaines. "Nous n'avons aucun doute sur le fait que le ballon provient de la Chine", a indiqué un haut responsable américain de la Défense.

"Nous prenons des mesures afin de nous protéger contre la collecte d'informations sensibles", a-t-il encore dit, tout en insistant sur "la valeur ajoutée limitée en termes de collecte d'informations" de l'engin par rapport à ce que la Chine dispose déjà comme satellites ou moyens.

Mais le ballon survole actuellement le Montana, un État où se trouve l'un des sites permettant aux États-Unis de lancer des missiles nucléaires, souligne le Wall Street journal. "Clairement, ce ballon est destiné à la surveillance et sa trajectoire actuelle l'amène au-dessus de sites sensibles" notamment des bases aériennes et des silos de missiles stratégiques.

• L'armée américaine n'abat pas l'objet (pour l'instant)

Pour l'instant, Washington a décidé de ne pas abattre l'objet. "Nous avons considéré qu'il était suffisamment gros pour que les débris provoquent des dégâts" s'il devait retomber dans une zone habitée, explique-t-on du côté du Pentagone.

"Nous avions examiné s'il y avait une option hier (mercredi) sur certaines zones peu peuplées du Montana, mais nous ne pouvions pas suffisamment réduire le risque" de dégâts, a aussi indiqué devant les médias l'officier Patrick Ryder, attaché de presse du Pentagone.

Une décision qui a provoqué la colère de certains républicains, à l'image de Marjorie Taylor Greene, qui estime que "Biden devrait abattre immédiatement" l'objet. La députée d'extrême-droite assure que Trump "n'aurait jamais toléré ça."

De son côté, le patron des républicains à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy a dénoncé jeudi soir une "action déstabilisatrice" d'une Chine qui "méprise éhontément la souveraineté des États-Unis." Il a appelé Joe Biden à "ne pas rester silencieux" et demandé à ce que des membres du Congrès soient informés.

Joe Biden n'a, pour l'instant, pas réagi publiquement. "Le président Biden a été briefé et a demandé à ses équipes de lui fournir plusieurs options militaires", a expliqué Patrick Ryder. Le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, a tenu des discussions avec les chefs d'état-major du Pentagone.

Les avions de chasse militaires, et notamment des F-22, sont prêts à intervenir a tout moment pour abattre le ballon si cela était décidé par la Maison Blanche.

• Juste avant un déplacement d'Antony Blinken

Diplomatiquement, l'administration de Joe Biden se mobilise. Le département d'État a convoqué Xu Xueyuan, le plus haut responsable du gouvernement chinois à Washington, "pour délivrer un message très clair et très dur", a déclaré un responsable américain au Wall Street Journal sous couvert d'anonymat.

Les prochaines 72 heures seront cruciales: cet incident se produit juste avant le déplacement d'Antony Blinken en Chine, prévu pour dimanche et lundi. Il doit constituer la première visite dans le pays d'un secrétaire d'État américain depuis octobre 2018.

Et a pour en partie objectif de calmer les tensions entre les deux grandes puissances, qui ont parfois frôlé le conflit ouvert ces derniers mois. Notamment lorsque l'ancienne présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, s'est rendue à Taïwan, que la Chine revendique comme faisant partie intégrante de son territoire.

· Le Canada évoque "un deuxième incident potentiel"

Le gouvernement du Canada a évoqué ce vendredi "un deuxième incident potentiel" après l'annonce par Washington de la présence d'un ballon espion chinois depuis plusieurs jours au-dessus des Etats-Unis.

"Les Canadiens sont en sécurité et le Canada prend des mesures pour assurer la sécurité de son espace aérien, y compris la surveillance d'un deuxième incident potentiel", a affirmé le ministère de la Défense nationale du Canada dans un communiqué.

Article original publié sur BFMTV.com