Loi immigration: quand Macron évoquait en 2022 sa victoire "pour faire barrage à l'extrême droite"
Une phrase forte lancée au soir du second tour en 2022 et qui fait mal, au lendemain du vote de la loi immigration très à droite. Plusieurs personnalités politiques ont repris des propos du chef de l'État après sa victoire contre Marine Le Pen il y a près de 18 mois.
"Vous m'avez élu pour faire barrage à l'extrême droite. Ce vote m'oblige", avait asséné Emmanuel Macron lors d'un discours au Champ-de-Mars après sa victoire à la dernière présidentielle.
Des mesures dans la loi immigration présentes dans le programme de Marine Le Pen
Le rappel fait d'autant plus mal que la présidente des députés Rassemblement national a jugé à l'Assemblée nationale ce mardi soir que le texte porté par Gérald Darmanin signait "une victoire idéologique" pour ses troupes, comme le montre cette une du journal Libération.
Plusieurs dispositifs de la loi immigration apparaissent d'ailleurs dans le programme présidentielle du RN, à l'instar de la fin de l'automaticité du droit du sol ou du versement des prestations sociales directement liés à la situation professionnelle ou à la durée de séjour des personnes étrangères.
Autant dire que la manœuvre choque, y compris dans les propres rangs de la macronie. Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a démissionné ce mercredi matin tandis que près de 20% des députés de la majorité présidentielle ont voté contre la loi immigration ou se sont abstenus.
La loi immigration "ne déshonore" pas le gouvernement
Emmanuel Macron n'a manifestement guère goûté les critiques. En conseil des ministres, sans nommer le membre de son gouvernement désormais démissionnaire, le chef de l'État a fait savoir sa désapprobation ce mercredi.
"Ceux qui doutent et n’ont jamais vraiment mené de combat (électoral) n’ont pas de leçons à donner", a rapporté un participant, en citant le président.
"Il y a des choses que je n'aime pas moi-même", a cependant reconnu le chef de l'État tout en assurant que la loi immigration ne "nous déshonore pas".
"Ne tombons pas dans le piège tendu par ceux qui instrumentalisent les émotions. Ce texte n'est pas le texte du Rassemblement national", a encore martelé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.
"Son programme et le mien, c'est pas la même chose"
Si l'exécutif tente manifestement de faire redescendre la pression pour éviter une éventuelle implosion, il est difficile de ne pas noter l'évolution politique de ces derniers mois.
Lors d'un meeting à Marseille lors de l'entre-deux-tours en avril 2022, le président avait ainsi multiplié les clins d'œil à la gauche dont il avait besoin pour se faire réélire. Il s'était alors ouvertement posé comme un défenseur des "dangers" de l'extrême droite et avait vu dans le combat contre Marine Le Pen "un choix de civilisation".
"Son programme et le mien, c'est pas la même chose", avait encore avancé Emmanuel Macron lors d'une interview à Quotidien, agacé qu'on puisse le renvoyer dos-à-dos avec sa rivale.