INFO BFMTV. Mort de Nahel: ce que révèlent le rapport et les expertises réalisés après la reconstitution

Un rapport réalisé après la reconstitution de la mort de Nahel, tué par des policiers à Nanterre en juin 2023, démontre que si l'adolescent a redémarré volontairement la voiture alors que les fonctionnaires le tenaient en joue, celui qui a fait feu n'était pas en situation de "danger imminent".

Des zones d'ombre qui s'éclaircissent. Un an après la mort de Nahel, ce jeune de 17 ans tué par un policier à Nanterre lors d'un contrôle le 27 juin 2023, BFMTV a pu accéder aux résultats d'une reconstitution menée début mai. Selon nos informations, un rapport de plus de 150 pages démontre que, si l'adolescent a redémarré volontairement la voiture alors que les policiers le tenaient en joue, celui qui a fait feu n'était pas en situation de "danger imminent".

"La mise en mouvement du véhicule ne présentait pas de danger imminent pour les fonctionnaires de police", explique l'expert en accidentologie.

"Le volant n'a pas été tourné vers eux", "il n'y avait pas de risque d'écrasement, l'accélération a été de faible intensité”, écrit-il dans le son rapport.

Cette faible accélération (de l'ordre de 17% de l'accélération maximale du véhicule) a en revanche bien eu lieu du fait de Nahel. Le véhicule étant une voiture automatique, deux versions s'opposaient jusque-là: l'une disait que l'adolescent, sonné ou apeuré, avait relâché la pédale de frein, entraînant le redémarrage de la voiture contre sa volonté. L'autre que Nahel avait bien redémarré, refusant d'obtempérer aux ordres des policiers qui lui disaient de ne pas repartir.

La mise en mouvement du véhicule "ne résulte pas du simple fait d'avoir relâché la pédale de frein", tranchent les experts qui ont examiné la voiture. Le conducteur "a ainsi effectivement cherché à partir en effectuant quatre actions successives pour redémarrer le véhicule dont le moteur avait été coupé".

Pour redémarrer, le jeune homme a donc appuyé sur le bouton de contact en tenant avec le pied la pédale de frein, enclenché le mode "D" de la boîte automatique et accéléré avec le pied.

Les deux passagers de Nahel, mais aussi d'autres témoins extérieurs à la voiture racontaient avoir vu l'un des policiers donner des coups sur le crâne ou le visage. Coup qui l'aurait d'ailleurs sonné.

Le médecin légiste présent à la reconstitution a confirmé ce que disait le premier rapport d'autopsie. Il n'a été constaté sur Nahel "aucune ecchymose du visage ni du crâne" ni "aucune plaie".

"Si des coups ont été portés sur la victime, ce sont des coups qui n'ont pas laissé de trace visible donc qui n'ont pas été appuyés (effleurements)", peut-on lire dans le rapport.

"Ce type de coup ne peut pas 'sonner' la victime au point de lui faire perdre le contrôle de ses gestes", écrit-il.

Le rapport d'expertise indique aussi que, lors de la course-poursuite, le véhicule "a été conduit de manière dangereuse en raison d'une vitesse excessive au regard de la configuration des lieux”. Une course-poursuite qui a duré 2 minutes et 40 secondes. Nahel ayant conduit à une vitesse moyenne de 69,5 km/h en passant six fois au-dessus des 90 km/h et avec une vitesse maximale de 116 km/h.

Pour rappel: il y a toujours des doutes sur les propos tenus par les policiers alors qu'ils tiennent en joue Nahel. Dans une vidéo, on entend distinctement la notion de "balle dans la tête" mais aucun des deux policiers ne reconnaît être l'auteur de cette phrase, d'après nos informations.

Enfin, plusieurs témoins disent avoir entendu un policier dire "Shoot". Les fonctionnaires assurent qu'ils ont dit "coupe" (le moteur). Des expertises sonores ont été conduites par l'IRCGN, elles n'ont pas permis de trancher cette question.

Article original publié sur BFMTV.com