Loi immigration: Houlié s'inquiète de "l'immodestie" de la droite et admet que la majorité part avec un handicap

L'inquiétude monte dans les rangs de la majorité présidentielle. Trois jours après le rejet surprise de la loi immigration à l'Assemblée nationale, la macronie mise désormais sur la commission mixte paritaire réunie à partir de lundi prochain pour sortir de l'ornière.

"L'immodestie de se dire que c'est le texte" de la droite "ou rien"

C'est au sein de cet organe, qui compte sept sénateurs et sept députés, que les parlementaires vont tenter de se mettre sur une version commune de la loi.

Leur base de discussion: la version sénatoriale du texte immigration, bien plus dure que la copie initiale du gouvernement. De quoi sérieusement inquiéter le président de la commission des Lois, classé à l'aile gauche de la macronie.

"Ce sont des négociations âpres, difficiles, dans lesquelles certains peuvent se sentir frappés d'une immodestie de se dire que 'c'est leur texte ou rien'", analyse Sacha Houlié qui fera partie de la CMP ce jeudi matin sur France 2.

"Préserver" le titre de séjour pour les métiers en tension "dans la mesure du possible"

La droite ne se montre pas décider à lâcher certains points clefs du texte à l'instar d'une régularisation "exceptionnelle" des travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension, très loin de la création d'un titre de séjour promis par Gérald Darmanin, qui viserait bien plus de personnes.

"Nous allons tâcher de préserver (cette mesure) dans la mesure du possible", a encore avancé le président de la commission des Lois.

La fin de l'aide médicale d'État qui n'était pas prévu dans le dispositif gouvernemental apparaît également comme une "ligne rouge" pour la droite.

La macronie est, elle, farouchement opposée à la fin de ce dispositif qui concerne 320.000 personnes par an et permet une prise en charge à 100% de la plupart des frais médicaux, hospitaliers et pharmaceutiques.

"Incontestablement" un handicap pour Renaissance

Mais avec dix élus sur quatorze au sein de la CMP favorables au texte défendu par la droite, la marge de manœuvre de la majorité présidentielle est pour le moins restreinte.

Reconnaissant partir "inconstestablement" avec un handicap face aux LR, Sacha Houlié a reconnu que s'il "parvenait à un accord, "oui", la loi sera nettement durcie.

Avec un vrai problème pour la majorité présidentielle: si la CMP parvient à se mettre d'accord, la copie sera ensuite soumis aux voix des sénateurs et des députés. L'hémicycle acceptera-t-il de voter un texte nettement plus à droite ?

Certains au sein de la macronie s'inquiète qu'une partie de leurs troupes, notamment au Modem, refusent de voter une loi très éloignée de la promesse initiale. Le texte serait alors rejetée, infligeant encore un très net revers à Gérald Darmanin.

Élisabeth Borne continue de son côté les négociations avec la droite, lancées depuis mercredi, dans l'espoir de parvenir à un compromis.

Article original publié sur BFMTV.com