L'influenceuse ToomuchLucile jugée pour avoir relayé l'adresse des parents de son harceleur

L'influenceuse ToomuchLucile jugée pour avoir relayé l'adresse des parents de son harceleur

Ce jeudi 25 avril, l'influenceuse ToomuchLucile se trouvait au tribunal de Pontoise, dans le Val-d'Oise. Ces dernières années, la créatrice de contenus a beaucoup côtoyé le monde judiciaire, harcelée par un homme, Florian T. condamné en janvier à cinq ans de prison ferme.

Cette fois, Lucile était du côté des prévenus. Il lui est reproché d'avoir relayé l'adresse des parents de son harceleur sur le réseau social Twitter, depuis renommé X. Les faits se sont déroulés le 14 août 2021: la jeune femme, alors âgée de 18 ans, avait retweeté la publication d'une personne donnant l'adresse de Florian T. Avant de retirer son retweet "quelques minutes plus tard" et d'appeler ses abonnés à ne pas se rendre à cette adresse, souligne son avocat, Me Julien Gasbaoui, auprès de BFMTV.com.

Mais, selon la famille de Florian T., cela n'a pas empêché des personnes de venir devant leur domicile afin de les intimider. "Leur vie a été complètement bouleversée, a déclaré Me Estelle Madray, l’avocate de la partie civile, lors de l'audience, rapporte Le Parisien. "La mère, qui est devenue 'la mère du monstre', ne sort quasiment plus de chez elle", a-t-elle ajouté.

Poursuivie pour mise en danger de la vie d'autrui

L'influenceuse était poursuivie pour mise en danger de la vie d'autrui par diffusion d'informations relatives à la vie privée, délit aggravé du fait que le père de Florian T. est policier. Mais les faits ont été requalifiés lors de l'audience, comme le rapporte le Parisien. En effet, ce délit a été créé par la loi de lutte contre le séparatisme, promulguée le 24 août 2021, soit 10 jours après les faits qui sont reprochés à Lucile. Or, en France, il est impossible d'être puni en vertu d'une loi qui n'était pas promulguée au moment des faits commis.

Elle est donc poursuivie pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui". Ce délit se définit par "le fait d'exposer directement autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente par la violation manifestement délibérée d'une obligation particulière de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement".

"Quelle est la règle de prudence ou de sécurité qui a été violée ici?", demande l'avocat de Lucile, Me Julien Gasbaoui. "On souligne qu'elle aurait voulu mettre en danger le commandant T., alors qu'elle l'a protégé" en appelant ses abonnés à ne pas se rendre chez lui, estime-t-il. La tiktokeuse visait son fils et, "par ricochet", les parents ont été concernés, mais "jamais visés", ajoute l'avocat.

Du sursis requis contre Lucile

Florian T. a été condamné à quatre reprises pour des faits liés au harcèlement de Lucile. Pendant trois ans et demi, utilisant de nombreux comptes, il envoyait des messages à l'influenceuse, des photos, des vidéos, des menaces de viol et de meurtre à son encontre et à l'encontre de ses proches. En janvier, il a été condamné à cinq ans de prison ferme pour des violences avec arme sur un ami de Lucile.

Aussi, lorsqu'en août 2021, Lucile retweete le message avec l'adresse des parents de Florian T., "elle agit dans des circonstances où elle est prise au piège, ne sait plus quoi faire, elle est désespérée" face à un harcèlement sans fin, explique son avocat. La personne à l'origine de ce message a de son côté écopé d'un rappel à la loi, une mesure alternative qui évite un procès.

Le parquet a requis huit mois de prison avec sursis à l'encontre de Lucile. Des "réquisitions hautes" et "étonnamment sévères", pour Me Julien Gasbaoui, qui "espère que le temps de l'apaisement viendra" à l'issue de cette procédure. Le jugement doit être rendu le 30 mai.

Article original publié sur BFMTV.com