L'ARN, un incroyable couteau suisse médical
Le monde entier connaît désormais les trois lettres désignant l'acide ribonucléique. Comment cette molécule révolutionne-t-elle le traitement de pathologies comme certains cancers ou maladies génétiques héréditaires ? Explications.
Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°216 daté janvier/ mars 2024.
Depuis sa mise au point au 18e siècle, la vaccination a sauvé des dizaines de millions de vies. La méthode la plus classique consiste aujourd’hui à injecter dans l’organisme des virus affaiblis ou inactivés, ou des composants viraux partiels, afin d’entraîner le système immunitaire à les reconnaître et à les combattre. Or, synthétiser ces fragments de virus en masse nécessite de cultiver des cellules à très grande échelle, processus long et coûteux. Dans les années 1980, une solution semble s’esquisser.
Elle s'appuie sur une molécule capitale de l'organisme : l'ARN messager (ARNm), une copie de l'ADN qui, contrairement à celui-ci, est située hors du noyau de la cellule et sert de plan pour la synthèse des protéines avant de s'autodétruire. Lorsqu'il devient possible de produire en laboratoire cet ARNm sans recourir à des cultures cellulaires, une idée fleurit chez les scientifiques. Et si l'on pouvait développer rapidement des vaccins grâce à ce procédé ?
La méthode : injecter un ARNm fabriqué en laboratoire dans les cellules de l'organisme, afin qu'elles produisent une protéine du virus que l'on veut combattre. Cette protéine, ou antigène, migrera vers la surface de la cellule où elle sera reconnue comme étrangère par le système immunitaire, qui détruira la cellule et apprendra à reconnaître l'agent pathogène en vue d'une future infection. Seule ombre au tableau, l'ARNm est instable en raison de sa structure chimique, et l'injection de sa version synthétisée engendre une réaction inflammatoire… L'enthousiasme est tué dans l'œuf.
SOURCE : THE NOBEL COMMITTEE FOR PHYSIOLOGY OF MEDECINE, MATTIAS KARLEN. INFOGRAPHIE : LE MONDE
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