L’allocution de Macron sera autant sur la France que sur Israël après sa rencontre avec les chefs de partis

Pourquoi l’allocution de Macron (ici en avril 2023) concernera davantage la France qu’Israël
LUDOVIC MARIN / AFP Pourquoi l’allocution de Macron (ici en avril 2023) concernera davantage la France qu’Israël

POLITIQUE - Dans le poste. Emmanuel Macron se place sur le devant de la scène ce jeudi 12 octobre, en recevant les dirigeants des partis représentés au Parlement, à la mi-journée avant une prise de parole solennelle à 20 heures. Une séquence depuis l’Élysée et à la télé dont l’ordre du jour apparaît succinct : évoquer la situation « à la suite des actes terroristes commis en Israël ».

Le chef de l’État a donc choisi le format de « l’adresse aux Français » pour sa première prise de parole d’ampleur depuis le déclenchement de l’attaque du Hamas, samedi. Il avait, jusqu’à présent, limité son expression à quelques réponses lors de conférences de presse prévues de longue date avec le chancelier allemand Olaf Scholz.

C’est également « l’allocution » qu’il avait choisie en mars 2022, pour s’exprimer au lendemain de la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine. Que faut-il dès lors en attendre ? Une portée sans doute nationale, bien plus qu’internationale.

« Dans “adresse aux Français”, il y a “aux Français” »

S’il est effectivement pressé, notamment à gauche, d’œuvrer en faveur d’un processus de paix, Emmanuel Macron va avant tout mettre l’accent sur les répercussions du conflit pour l’Hexagone. « Dans ‘adresse aux Français’, il y a ‘aux Français’ », résumait à Policito un conseiller du président de la République, mercredi soir, pour donner la teneur du discours.

Le locataire de l’Élysée devrait donc tout d’abord évoquer le sort des ressortissants encore sur place. Le dernier bilan donné par le ministère des affaires étrangères, jeudi midi, fait état de douze Français morts dans les attaques du Hamas, et les autorités restent actuellement « sans nouvelle de 17 compatriotes dont la disparition est considérée comme très inquiétante ». Selon les informations données la veille par Élisabeth Borne, il y a, parmi ces disparus, « plusieurs enfants » qui ont été « probablement enlevés ».

Emmanuel Macron est donc particulièrement attendu sur ce sujet. Jeudi, plusieurs familles françaises lui ont demandé d’« intervenir » personnellement en vue de leur libération, lors d’une conférence de presse à Tel-Aviv. « Je veux parler directement à Emmanuel Macron, je veux (...) que ma sœur revienne maintenant » , a par exemple lancé à la presse la sœur d’une jeune femme disparue depuis samedi.

Au-delà de la question des otages, sur laquelle il pourra difficilement faire l’impasse, le chef de l’État va s’employer, selon un conseiller, à délivrer un message clair sur le besoin « d’unité de la nation ». Alors qu’une partie de la classe politique est mise à l’index pour sa réaction jugée trop complaisante à l’égard du Hamas, 68 % des Français pensent que ce conflit représente un risque de tensions en France, selon un sondage Elabe pour BFMTV.

Un risque qui semble être pris très au sérieux par l’exécutif, qui avait recensé mardi une cinquantaine d’« actes antisémites » en 48 heures. Depuis le week-end, nombreux sont les ministres à la manœuvre pour montrer qu’ils font tout pour éviter des répercussions hexagonales.

Discrétion diplomatique

À l’Intérieur, Gérald Darmanin a renforcé la sécurité près des lieux de culte et établissements scolaires juifs et a demandé « l’expulsion immédiate » des auteurs étrangers d’actes antisémites. À l’Éducation, Gabriel Attal a promis d’être « intraitable » pour garantir « la sécurité et la sérénité ». Et à la Justice, Éric Dupond-Moretti a signé une circulaire appelant les juridictions à la « fermeté » face à « l’apologie du terrorisme ».

Ce que le président de la République ne manquera pas de mettre en avant ce jeudi soir, dans les journaux de 20 heures, en rappelant son soutien à la communauté juive en France, la plus importante d’Europe, avec 500 000 personnes.

Une attention particulière pour la situation hexagonale qui relève, aussi, la temporisation d’Emmanuel Macron à l’international. Ou, en tout cas, son souhait de rester discret dans les initiatives diplomatiques, à l’heure où beaucoup s’interrogent sur le poids de la France et son rôle à jouer en marge de ce conflit. Pour l’ambassadeur d’Israël en France, Raphaël Morav, Paris a effectivement une influence à faire valoir, « pas toute seule, mais parmi d’autres puissances internationales ».

Dans ce contexte, Emmanuel Macron qui est en lien constant avec les dirigeants occidentaux s’est bien entretenu avec les présidents d’Israël, de l’autorité palestinienne, d’Égypte, ou avec le Premier ministre libanais et le roi de Jordanie depuis le début de la crise. Il n’a en revanche pas communiqué pour l’instant sur ce que Paris pourrait mettre en place. Une façon, aussi, de préserver l’unité de la nation, à l’heure où les partis politiques réclament des réponses diamétralement différentes. D’un côté, la droite et son extrême veulent mettre fin à l’aide tricolore à la Palestine. De l’autre, la gauche réclame à l’exécutif de ne pas soutenir inconditionnellement Israël dans sa riposte. La parole est au président.

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