"L'Épopée Vol.1": 9 rappeuses réunies sur la toute première compilation française 100% féminine

(De haut en bas et de gauche à droite): Les rappeuses Inayat, Ngielix, Yelsha, Pearly et Turtle White mises à l'honneur dans l'album
(De haut en bas et de gauche à droite): Les rappeuses Inayat, Ngielix, Yelsha, Pearly et Turtle White mises à l'honneur dans l'album

Neuf rappeuses, douze morceaux et un seul mot d'ordre: la sororité. À l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, ce mercredi, le label Go Go Go dévoile le tout premier album collaboratif de rappeuses en France.

Baptisé Epopée vol.1, ce disque engagé met à l'honneur neuf rappeuses, dont certaines queer, issues d'univers très différents: Yelsha, Ngielix, Turtle White (aperçue dans l'émission Nouvelle École) Nayla, Saturnz, Inayat, toutes repérées via des concours de freestyle organisés sur Instagram.

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A post shared by Viktorija Burakauskas (@toribur) on Jan 21, 2020 at 8:43am PST

Avec pour objectif de mettre en avant leur talent mais aussi de faire entendre leurs voix sur des sujets tels que les violences sexistes et sexuelles, le patriarcat, la pédophilie, le racisme ou encore l'homophobie, ces neuf rappeuses visent à "dénoncer" leur quotidien et "apporter un regard féminin" dans un milieu où il est encore difficile de se faire une place en tant que femme et personne issue des minorités de genre.

"On avait envie de faire converger toutes nos luttes dans cet album pour que les femmes ou les personnes non-binaires qui s'identifient au féminin se retrouvent dans nos textes", explique la rappeuse Ngielix, au style cloud rap et onirique, lancée dans la musique depuis deux ans.

"Il faut que la vision de la société change"

Car si les rappeuses sont davantage représentées sur la scène musicale ces dernières années à l'instar de Shay, Chilla ou Lala &ce, trop d'artistes féminines émergentes peinent encore à se faire connaître du grand public en France.

Un constat partagé par Yelsha, artiste non-binaire, préselectionnée pour participer au tremplin des Inouïs au festival du Printemps de Bourges: "Il n'y a pas beaucoup de personnes comme nous dans le rap. Si tu t'intéresses pas vraiment à ces artistes émergentes, tu ne les connais pas", affirme-t-elle.

"J'ai participé à ce projet car je crois en la puissance des représentations. A 15 ans j'aurais aimé pouvoir écouter des musiques comme celles de Ngielix ou de Turtle White", ajoute-t-elle.

Pour Ngielix, l'autre élément qui freine l'émergence des femmes dans le rap est l'image trop masculine qu'ont encore certains auditeurs de rap aujourd'hui. "Quand tu parles de rap à des gens, ils ont tout de suite l'image de mecs hyper musclés, virils qui insultent les femmes. Alors que le rap à la base ça veut dire 'rhythm and poetry'", détaille la jeune rappeuse.

Et d'ajouter: "Il faut que la vision de la société change par rapport au rap et que les gens s'habituent de plus en plus à la présence des femmes dans le rap, parce qu'il y en a plein."

"Il y a de grosses avancées"

Yelsha et Ngielix constatent toutefois une évolution de la situation avec la multiplication d'initiatives visant à mettre en avant le talent des rappeuses ces dernières années. En interne émergent notamment des concours tremplins, comme le dispositif Rappeuses en Libertés ou les programmes de mentorat tels que MEWEM.

Fondé en 2018 par la Fédération nationale des labels et distributeurs indépendants, ce programme accompagne des femmes et des personnes issues de minorités de genre dans leur souhait d'entreprendre dans la musique.

"Il y des grosses avancées parce qu'il y a quelques années on ne pouvait pas identifier autant de rappeuses dans la scène musicale qu'aujourd'hui. Mais la route est encore longue", confie Ngielix.

Et Yelsha de conclure: "On sort un album aujourd'hui avec pleins de rappeuses donc c'est déjà une grosse avancée. Et qui sait, peut-être qu'un jour on n'aura plus besoin de dire rap féminin mais juste rap."

Article original publié sur BFMTV.com