Législatives: la gauche annonce 25 milliards de dépenses supplémentaires dès 2024, la majorité dénonce "un matraquage fiscal"

A neuf jours du premier tour des législatives, la gauche a détaillé vendredi son ambitieux programme de relance budgétaire, avec 25 milliards de dépenses supplémentaires dès 2024, et récusé les accusations de Gabriel Attal et du patronat qui dénoncent "un matraquage fiscal".

Selon le chiffrage présenté lors d'une conférence de presse des représentants du Nouveau Front populaire, les dépenses publiques supplémentaires pourraient atteindre 150 milliards fin 2027 pour des recettes équivalentes, largement à la faveur d'une hausse de la fiscalité.

Parmi les mesures phares dès 2024, l'instauration d'un impôt sur la fortune (ISF) "avec une composante climatique". Celui-ci rapporterait 15 milliards d'euros, tout comme une taxe sur les superprofits.

Ces 30 milliards d'euros serviraient à financer notamment la revalorisation des allocations personnelles au logement (APL) de 10%, l'abrogation des réformes des retraites et de l'assurance-chômage et une hausse de 10% du point d'indice des fonctionnaires.

La gauche promet "d'aider" les petites entreprises à supporter le coût de l'augmentation du Smic de 14% à 1.600 euros net et envisage une nouvelle "grande loi" avant 2027 sur un retour de la retraite à 60 ans.

Les programmes économiques de la gauche et RN, qui suscitent l'inquiétude des milieux économiques et financiers, sont le principal angle d'attaque de la majorité.

Bruno le Maire, qui a à nouveau promis vendredi de réduire le déficit public du pays à 3% du PIB en 2027 (contre 5,5% en 2023), voit dans la chute des marchés financiers et la hausse du coût de la dette "les conséquences directes de programmes économiques et financiers totalement insensés et irresponsables".

"C'est une broyeuse à classe moyenne, ce sont des hausses d'impôts sur la classe moyenne", a réagi Gabriel Attal alors que la gauche assure que son programme n'impactera que les revenus supérieurs à 4.000 euros.

- Niveau de record de procurations -

La gauche doit aussi toujours se défendre face aux accusations d'antisémitisme chez LFI, encore mises en avant par Gabriel Attal qui a estime que "la gauche est en train de passer de "J'accuse" (NDLR: le titre de l'éditorial de Zola lors de l'affaire Dreyfus) au banc des accusés".

"Aucun des dirigeants du Nouveau Front populaire n'a jamais été condamné pour antisémitisme", a plaidé l'ex-cheffe de file des députés Mathilde Panot, renvoyant à Eric Zemmour pour qui "Pétain a été le sauveur des juifs" ou au député RN Frédéric Boccaletti "qui tenait une librairie négationniste".

Le sujet reste haut dans la campagne après l'émotion suscitée par le viol à caractère antisémite d'une jeune fille de 12 ans à Courbevoie (Hauts-de-Seine) où quelques centaines de personnes se sont rassemblées vendredi devant l'hôtel de ville.

En déplacement à Marseille pour soutenir la secrétaire d'Etat à la Ville Sabrina Agresti-Roubache, Gabriel Attal, qui a demandé aux Français de le "choisir" comme Premier ministre, continue de son côté de mener la campagne pour la majorité.

Celle-ci prend de plus en plus ses distances avec Emmanuel Macron, accusé par l'ex-Premier ministre Edouard Philippe d'avoir "tué la majorité présidentielle" en décidant de dissoudre l'Assemblée.

M. Attal veut croire à une "dynamique" dans l'opinion, même si la majorité, à 22%, reste loin derrière la gauche (29%) et le RN (34%) selon un sondage Ifop-Fiducial pour LCI, Le Figaro et Sud Radio

Selon ce sondage, 64% des électeurs prévoient d'aller voter au premier tour, ce qui ferait une hausse de 15 points par rapport à 2022.

Le niveau de participation sera une clé du scrutin car il détermine le nombre de triangulaires possibles au second tour dans les 577 circonscriptions. Un candidat doit en effet obtenir un score supérieur à 12,5% des inscrits pour pouvoir se maintenir.

Désistement, maintien, appel au "front républicain", "ni-ni"... La stratégie au deuxième tour est déjà dans tous les esprits, même si chacun évite de l'évoquer avant le premier tour pour ne pas apparaître comme perdant.

LFI appellera à voter contre le RN dans une circonscription en cas de duel entre la majorité et le RN, a indiqué Mathilde Panot selon qui cette question ne se posera cependant pas car le choix au second tour sera "entre l'extrême droite et nous".

Signe de cette mobilisation pour les scrutins des 30 juin et 7 juillet, le ministère de l'Intérieur comptabilisait 1.055.067 procurations (pour le premier tour, le second tour et les deux), un chiffre déjà six fois supérieur à celui de 2022.

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