Législatives: dans un climat de plus en plus tendu, le RN dénonce "un parti unique" pour le priver de la victoire

Affiches de campagne pour les élections législatives, le 2 juillet 2024 à Libourne (Philippe LOPEZ)
Affiches de campagne pour les élections législatives, le 2 juillet 2024 à Libourne (Philippe LOPEZ)

Dans un climat de plus en plus tendu à trois jours du verdict des urnes, les partis jettent leurs dernières forces dans la bataille, Marine Le Pen assimilant la mise en place d'un "front républicain" contre le RN "à un parti unique" ayant pour seul objet de priver la formation d'extrême droite d'une majorité absolue à l'Assemblée.

Alors que les candidats sont encore en campagne dans 501 des 577 circonscriptions, après 76 élections au premier tour, les derniers jours sont marqués par une multiplication des incidents.

Mercredi soir, la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot, candidate dans les Hauts-de-Seine, a été victime, avec son équipe, d'une agression lors d'une opération de collage d'affiches. En Savoie, une candidate du RN, Marie Dauchy, a porté plainte après avoir été violemment prise à partie par un commerçant sur un marché.

Frédéric Valletoux, ministre délégué de la Santé et candidat du camp présidentiel en Seine-et-Marne, a ainsi constaté sur Public Sénat "les accroches verbales sur les marchés, les réflexions qui partent vite, la tension entre les équipes des candidats".

Des témoignages font également état d'une multiplication des incidents et des insultes racistes dans le pays.

Interrogé sur les nombreux candidats du RN épinglés ces derniers jours pour leurs propos notamment xénophobes ou antisémites, Marine Le Pen a fait un distinguo entre "des propos qui sont inadmissibles et qui, très certainement, entraîneront des sanctions" et "des propos qui sont des maladresses" face aux "grands inquisiteurs de la presse".

Les candidats RN sont "des braves gens" qui "se présentent parce que l'Assemblée nationale doit être à l'image de la France, pas l'image de Sciences-Po", a-t-elle défendu.

- "Pas un vote indigne" -

Ce climat est aussi alimenté par la crispation créée par la mise en place laborieuse "d'un front républicain" face au RN.

Marine Le Pen a dénoncé la mise en place d'un "parti unique" de "ceux qui veulent conserver le pouvoir", estimant que les électeurs du RN "sont traités vraiment comme des parias".

"Ce n'est pas un vote indigne de voter contre", a répondu à gauche Raphaël Glucksmann.

"On a pris nos responsabilités" face au "risque d'une majorité absolue" pour le RN, a expliqué mercredi soir Gabriel Attal se refusant cependant à donner "des consignes de vote".

Ces nombreux désistements -- 130 pour la gauche, plus de 80 pour les macronistes -- commencent-ils à avoir un impact?

Selon une étude réalisée par Toluna Harris Interactive mercredi, le Rassemblement national pourrait obtenir entre 190 et 220 sièges, le 7 juillet. Le Nouveau Front populaire en aurait entre 159 et 183, et le camp présidentiel entre 110 et 135.

- "Une France gouvernable"

Si le RN n'obtient pas la majorité absolue, la question se posera de savoir avec qui le camp présidentiel peut gouverner au sein d'une "grande coalition", à laquelle LFI a déjà dit ne pas vouloir participer.

"Après on ne va plus compter en termes de Front populaire, on va compter les Républicains, les centristes, les démocrates, les Renaissance, les Horizons, les MoDem, les socialistes, les écolos, les communistes… Quel va être le rapport de forces entre les différents groupes à l'Assemblée?", questionne un cadre de la majorité tout en relevant que La France insoumise et le Rassemblement national auraient sûrement assez de voix, à eux deux, pour renverser le gouvernement, via une motion de censure à l'Assemblée.

Sur cette question, les différents responsables avancent prudemment avant de connaître les rapports de force issus du second tour.

La France "doit être gouvernable dimanche soir", a estimé jeudi le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel sous-entendant que sa formation pourrait participer à une coalition si celle-ci répond "aux attentes des Français", notamment sur le pouvoir d'achat et l'abrogation de la réforme des retraites.

"Je ne participerai pas à un gouvernement qui serait une coalition hétéroclite et improvisée", un "gloubi boulga", a revanche prévenu François Ruffin qui ne siégera plus avec La France insoumise s'il est réélu dans la Somme.

"Ce que je peux vous dire, c'est que ça risque aussi d'être assez long. On ne va pas partir en vacances tout de suite", a résumé l'écologiste Marine Tondelier sur Europe 1/Cnews.

Les grandes figures politiques occuperont encore une fois jeudi les plateaux de télévision.

Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui continue de souffler le chaud et le froid sur une hypothétique candidature à Matignon, sera l'invité du journal télévisé de 20h sur TF1.

Sur France 2 se succéderont dans la soirée Gabriel Attal, Jordan Bardella, Raphaël Glucksmann et David Lisnard pour Les Républicains, après le socialiste Olivier Faure qui s'exprimera au JT.

Une série d'interviews mais toujours pas de débat, alors que mercredi soir un format similaire était organisé sur BFMTV où le Premier ministre, Marine Tondelier et Jordan Bardella ont chacun répondu à leur tour aux questions des journalistes.

"Jordan Bardella ne souhaitait pas débattre avec moi", a taclé la patronne des Ecologistes, accusant le patron du RN d'avoir "peur".

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