Législatives : la fake news du RN sur le NFP qui voudrait « désarmer la police » reprise dans le camp macroniste

L’ex-ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, candidat dans les Yvelines, s’est ému d’un tract Renaissance indiquant qu’il voulait « désarmer la police ».

Tract publié sur Twitter par l’ancien ministre de la Santé, Aurélien Rousseau.
Capture X Tract publié sur Twitter par l’ancien ministre de la Santé, Aurélien Rousseau.

POLITIQUE - « Il y a des mensonges plus rudes que d’autres ». Dans un message publié sur son compte X (ex-Twitter), l’ancien ministre de la Santé Aurélien Rousseau, candidat du Nouveau Front populaire (NFP) aux élections législatives, a dénoncé le tract fallacieux diffusé par son adversaire macroniste dans la septième circonscription des Yvelines, Nadia Hai.

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En cause, une présentation trompeuse du projet de la coalition de gauche, qu’elle place par ailleurs sous la tutelle de Jean-Luc Mélenchon (malgré les multiples démentis des différentes composantes de l’alliance). Parmi les caricatures figurant sur le document électoral, l’assertion selon laquelle le NFP voudrait « désarmer la police ». Ce qui a fait bondir Aurélien Rousseau. « J’ai eu l’honneur de servir la République à Matignon dans la nuit tragique du 13 novembre 2015. Je sais ce que l’on doit aux forces de l’ordre. Je sais le courage de le police républicaine », a-t-il grondé.

Avant Nadia Hai, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait tenu des propos similaires sur Europe 1 avant le premier tour. Mais cette accusation est surtout portée par l’extrême droite. « Je ne dirai pas que, par principe, il y a des violences policières, que nos policiers sont coupables et qu’il faut désarmer la police, comme souhaite le faire le Nouveau Front populaire », avait déclaré Jordan Bardella lors d’un débat sur France 2. Sur son compte Instagram, Marion Maréchal affirmait la même chose, tout comme Julien Odoul dans un tract (finalement proche de celui utilisé par Nadia Hai).

Alors, le Nouveau Front populaire veut-il « désarmer police » ? Pas vraiment. Pour s’en rendre compte, il suffit d’aller sur le programme du NFP. Sur la sécurité, la coalition de gauche porte plusieurs mesures : la relance de la police de proximité (qu’Emmanuel Macron avait tenté de rétablir, mais en format réduit), l’interdiction des LBD et des grenades mutilantes ainsi que le démantèlement de la très controversée BRAV-M.

Le NFP entend aussi revoir et allonger la formation des policiers (dont la durée avait été considérablement réduite en 2016), la mise en place d’un nouveau code de déontologie et la suppression de l’IGPN et de l’IGGN, afin de créer une instance indépendante placée sous l’autorité du défenseur des droits. S’il s’agit d’une conception de la sécurité différente de celle portée par la droite et l’extrême droite, il est toutefois faux d’affirmer que la gauche veut désarmer la police. « On ne va pas faire une police avec des pâquerettes », a par ailleurs rétorqué l’écologiste Marine Tondelier mercredi 3 juillet sur BFMTV.

Mais sur quoi s’appuient ceux qui affirment que le NFP veut supprimer les armes confiées à la police ? Premier élément d’explication, l’interdiction du LBD. Or, cela ne signifie pas que la police sera désarmée. Ou alors, il faudrait désigner ainsi les polices irlandaises, norvégiennes, autrichiennes, britanniques, finlandaises et suédoises au sein desquelles ce qui est communément appelé le « flash-ball » n’est pas utilisé. Autre explication : les propos tenus par certaines parties prenantes du NFP. Coordinateur national de la France insoumise, Manuel Bompard avait affirmé en juillet 2023 qu’il fallait une police « aussi désarmée que possible », en prenant exemple sur le modèle britannique, où les policiers sont peu armés.

Philippe Poutou, candidat NPA du Nouveau Front populaire dans l’Aude, a lui toujours plaidé pour le désarmement de la police, en utilisant le même argument de la Grande-Bretagne. Mais pas à n’importe quelle condition. « Évidemment, s’il s’agit d’intervenir pour désarmer des individus armés dans un appartement, on ne va pas le faire avec des pistolets à eau. La question des truands ou des terroristes doit être mise à part », avait-il précisé lors de la présidentielle 2017. Pour autant, cette position n’est pas celle du NFP et Philippe Poutou ne pèse pas grand-chose sur les tous les candidats investis par la coalition de gauche. Tout comme l’objectif exprimé en 2023 par Manuel Bompard n’engage pas le NFP qui, à aucun moment dans son programme de 24 pages, ne mentionne le désarmement de la police.

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