Législatives : les députés communistes vont-ils conserver leur groupe ?

« Battus, mais pas abattus », tel était le résumé du patron des communistes, Fabien Roussel, quelques minutes seulement après que ce dernier ait appris la nouvelle qu’il ne serait pas qualifié au 2e tour dans la 20e circonscription du Nord. Son adversaire du Rassemblement National, Guillaume Florquin, l’a en effet emporté dès le 1er tour avec 50,3%.

Pire encore, le parti risque même de perdre son groupe parlementaire à l’Assemblée nationale, étant d’ores-et-déjà éliminé dans une quinzaine de circonscriptions sur 50 candidats présentés, et en très mauvaise posture dans de nombreuses autres.

Résultats très « révélateurs »

La déception est évidemment de mise du côté du parti, sans pour autant qu’il n’y ait du fatalisme ou de la surprise. « Les résultats sont révélateurs des zones d’implantation du NFP à l’issue de ce 1er tour », explique le sénateur de Paris, Ian Brossat, contacté par Public Sénat. « Nos députés [communistes] sont implantés en zone périphérique et rurale, le NFP a une implantation très urbaine, son vote est très concentré dans les grandes métropoles », analyse-t-il, même s’il note que son parti est « en ballotage dans plusieurs circonscriptions ».

Sur la situation plus spécifique de leur chef de file, Fabien Roussel, éliminé dès le 1er tour dans la 20e circonscription du Nord, pas de surprise non plus pour Ian Brossat. « Chez Fabien [Roussel], le RN fait 51%, soit exactement le même score que le RN qui a fait 47%, plus le score de Reconquête, qui a recueilli 4% ». Avant d’ajouter : « Cela fait longtemps que les circonscriptions avoisinantes sont détenues par le RN », explique-t-il, notant que la victoire du secrétaire national du PCF aux élections législatives de 2022, tenait d’un « exploit ».

Vers l’absence d’un groupe communiste par l’Assemblée ? « Nous finirons par y arriver »

Quant à la difficulté potentielle de la constitution d’un groupe communiste à l’Assemblée nationale, qui jusqu’à la précédente législature, regroupait 22 élus sous la bannière « Gauche démocrate et république ». Dans le détail, sur les 35 circonscriptions dans lesquelles le parti est engagé, déjà 16 candidats se sont désistés en faveur d’un candidat de l’ex-majorité présidentielle, mieux placée. Quant aux 19 restants, seuls 2 ont été élus au 1er tour, à savoir Stéphane Peu (71,8%) et Elsa Faucillon (64,83%), respectivement dans la 2e circonscription de Seine-Saint-Denis et dans la 1e circonscription des Hauts-de-Seine. Certains ténors du parti sont en ballotage favorable, à l’image d’André Chassaigne, député depuis 21 ans dans la 5e circonscription du Puy-de-Dôme, mais également Jean-Paul Lecoq, dans la 8e circonscription de Seine-Maritime. Tous deux affronteront un candidat RN au 2e tour. En revanche, pour beaucoup d’entre eux, un succès dimanche prochain sera très difficile. C’est le cas de Sébastien Jumel (34,5%), devancé de plus de 10 points par son adversaire RN, Patrice Martin, dans la 6e circonscription de Seine-Maritime, ou encore Pierre Dharréville, en grande difficulté dans la 13e circonscription des Bouches-du-Rhône (36,02%, alors que son adversaire RN, Emmanuel Fouquart, recueille 47,53% des voix).

Pour autant, Ian Brossat ne veut pas céder à un pessimisme trop grand : « A chaque nouvelle législature, cette question se pose, mais nous finirons par y arriver », défend le sénateur de Paris, qui note toutefois : « Evidemment ce sera plus simple si nous gagnons nos duels face au RN ».

En cas de difficulté à constituer un groupe, le parti pourrait cependant compter sur plusieurs élus ultra-marins, qui n’ont pas encore annoncés dans quel groupe ils siègeraient en cas d’élection.

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