Législatives 2024 : « S’il manque des sièges, l’idée c’est d’aller chercher des compétences au-delà du RN », affirme Sébastien Chenu

En quelques heures, le nombre de triangulaires potentielles a fondu, passant de 307 à 126. Une vague de désistements qui arrange peu le RN, arrivé en tête du scrutin au premier tour et compte bien investir l’hôtel Matignon. Une résurrection du barrage républicain qui contrarie profondément Jordan Bardella qui a déjà assuré qu’il ne deviendrait pas Premier ministre en l’absence de majorité absolue. « Ça sert à quoi d’occuper trois mois un poste de ministre ? » résume Sébastien Chenu (RN), réélu député du Nord. En effet, ce dernier craint qu’un barrage républicain se forme au sein de l’Assemblée nationale pour voter une motion de censure. 

« Nous n’allons pas prendre des responsabilités que nous ne pourrons pas assumer » 

Si Gabriel Attal avait qualifié le refus de gouverner sans majorité absolue de « refus d’obstacle », la durée de vie d’un gouvernement minoritaire dirigé par le RN serait extrêmement courte. « Nous n’allons pas prendre des responsabilités que nous ne pourrons pas assumer », poursuit Sébastien Chenu qui assimile la majorité relative au gouvernement par 49.3. Pour autant, les cadres du RN martèlent leur volonté d’élargissement et leur envie de former « un gouvernement d’union nationale ». « L’idée c’est d’aller chercher des compétences au-delà du RN, il n’y a pas de raison de s’arrêter aux LR », estime Sébastien Chenu qui pourrait même être tenté de nouer d’autres formes d’accord. Plusieurs cadres de LR, comme Julien Aubert, ont déjà annoncé qu’ils ne s’opposeraient pas de manière systématique au RN, n’excluant pas un soutien texte par texte. 

« S’il manque quelques sièges pour cette majorité absolue, nous nous adresserons à certains collègues pour leur demander de ne pas bloquer le pays. Certains sont identifiés », déclare le député du Nord. Ce dernier confirme la possibilité d’un soutien sans participation à un gouvernement RN. Un troisième tour pour le parti de Marine Le Pen, tenté par les débauchages individuels. « S’il manque 50 sièges, c’est injouable », conclut néanmoins Sébastien Chenu. 

Renvoyer la responsabilité sur Emmanuel Macron en cas de blocage 

Soupçonné de ne pas vouloir réellement gouverner, le RN pourrait se rendre responsable d’une forme de paralysie institutionnelle en cas de majorité très relative pour le parti frontiste. Alors qu’un gouvernement de coalition autour du bloc central ou autour de la gauche semble très improbable. « La seule façon que le pays avance, c’est en nous donnant une majorité absolue », martèle l’élu du Nord. Concrètement, en l’absence de majorité stable à l’Assemblée nationale, le RN pourrait facilement renvoyer la responsabilité du blocage institutionnel sur le camp présidentiel. « C’est le Président qui décide [de nommer le Premier ministre] », glisse Sébastien Chenu. « Si la France est ingouvernable, le Président de la République en tirera les conséquences », une manière polie d’inciter Emmanuel Macron à la démission.