Législatives 2024 : pourquoi tant de petits partis sont candidats, écrasés par les trois blocs

Lutte ouvrière, ici représentée par Nathalie Arthaud, perçoit 370 000 euros de financement de l’Etat chaque année. (Sameer Al-Doumy/AFP)
SAMEER AL-DOUMY / AFP Lutte ouvrière, ici représentée par Nathalie Arthaud, perçoit 370 000 euros de financement de l’Etat chaque année. (Sameer Al-Doumy/AFP)

POLITIQUE - Pas facile d’exister au milieu de trois machines de guerre. Faire entendre une voix dissonante de celles du Nouveau Front populaire, du Rassemblement national et du camp présidentiel s’avère épineux dans ces élections législatives : peu de surface médiatique, moins de forces militantes, budget restreint, absence de poids lourds…

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Pourtant, comme vous l’avez peut-être remarqué sur les panneaux d’affichage de votre commune, certaines « petites » formations politiques, non représentées à l’Assemblée, participent au scrutin.

C’est le cas de Lutte ouvrière (LO). Ce parti trotskiste historiquement représenté par Arlette Laguiller sera présent dans 550 circonscriptions sur 577. Un exploit quand on sait que les candidats n’ont eu qu’une semaine pour se déclarer en préfecture. Citons aussi le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA Révolutionnaires), Debout la France, Equinoxe, le Parti radical de gauche, Reconquête…

Au-delà de la volonté de profiter de la campagne électorale pour faire entendre ses idées et mettre sur la table un certain nombre de propositions, un autre paramètre entre en ligne de mire dans le choix de se présenter aux élections législatives : l’argent. C’est évidemment le nerf de la guerre puisque traditionnellement, les versements de l’État représentent un tiers du budget de fonctionnement des partis politiques. Les deux tiers restants reposent sur les dons et les adhésions militantes.

L’argent, le nerf de la guerre

Pour l’année 2024, la coalition de la majorité présidentielle touche 19 400 000 euros, le Rassemblement national 10 000 000 euros et La France insoumise 8 000 000 euros. Car quand un parti politique parvient à faire élire l’un des siens, celui-ci lui rapporte in fine 37 000 euros par an. Mais même s’il échoue, les rentrées peuvent être conséquentes. Avec une règle simple : tous les partis politiques qui réunissent plus de 1 % des voix dans au moins 50 circonscriptions sont éligibles aux financements de l’État. Et ce, quel que soit leur résultat final. Chaque voix rapportera 1,61 euro chaque année au parti lié.

Il y a donc un enjeu au moins financier à participer à ces élections, quand bien même les chances de l’emporter sont minimes voire nulles. Avec 0 député, Reconquête a tout de même reçu 1 500 000 euros cette année. Et Lutte ouvrière, 370 000 euros. Une somme qui peut sembler importante mais qui, comme l’explique un militant LO interrogé par franceinfo, est vite dilapidée : « Ce n’est pas ça qui fait vivre notre parti. Cela couvre à peine les frais engagés. »

Le sujet est aussi crucial au moment de nouer des alliances et nécessite de faire dans la dentelle. Car derrière la naissance du Nouveau Front populaire, présenté comme un accord de gouvernement et un programme de près de 200 mesures, il y a des enjeux financiers évidents. Si le PCF hérite de 50 circonscriptions, c’est avant tout parce qu’au-dessous il ne perçoit aucun financement public. Quand LFI « cède » une centaine de circonscriptions au PS, il lui laisse aussi la possibilité de percevoir plus d’argent.

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