Législatives 2024 : François Ruffin se dit « capable d’être Premier ministre » en cas de victoire du Front Populaire

POLITIQUE - Qui pour incarner la gauche à Matignon en cas de victoire aux législatives ? Alors qu’un accord de principe est acté entre LFI, PCF, Écologistes et PS, les noms des candidats pour diriger le gouvernement commencent à se faire connaître. Après Jean-Luc Mélenchon, c’est au tour du député de la Somme François Ruffin de se signaler ce jeudi 13 juin.

« Je m’en sens capable aussi. Si jamais il y a un consensus sur un nom, je suis prêt à prendre la place qu’on voudra pour transformer la vie des gens », a déclaré François Ruffin sur France 2, estimant être « le premier qui en a eu marre de Macron ».

« Si jamais dans l’histoire de notre pays, quel que soit le poste que je puisse occuper, si c’est à Matignon comme Premier ministre, pourquoi pas, mais si c’est comme ministre des Sports et que je parviens à donner le sport pour tous, pour tous les enfants de notre pays, j’en serais fier », a-t-il ajouté.

Le député de la Somme est à l’origine de la reprise du nom « Front Populaire » pour l’union de la gauche après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée. Sa pétition lancée dans la foulée a récolté des centaines de milliers de signatures en quelques heures, avant que les directions socialistes, écologistes et communistes ne se rallient à l’idée, ensuite suivies par les insoumis.

Le programme oui mais…

Les tractations vont désormais bon train pour finaliser l’accord. Selon les premiers éléments communiqués à la presse, la France Insoumise devrait récupérer 229 investitures (une centaine de moins qu’en juin 2022), le Parti socialiste 175 (+100 grâce à sa percée aux européennes), les écologistes 92 et les communistes une cinquantaine. Des annonces plus précises sont attendues ce jeudi sur le programme.

La partie est loin d’être simple. L’explosion de la Nupes s’est faite sur fond de désaccord profond sur les questions internationales, ajouté à d’autres divergences déjà problématiques sur l’écologie, la méthode et les stratégies politiques… En face, Emmanuel Macron et son camp ne se privent d’ailleurs pas de mettre en avant ces divergences du front de gauche : « Sur chacun de ces sujets essentiels, ils pensent le contraire », a-t-il fustigé la veille en conférence de presse en évoquant l’Ukraine, les « valeurs de la République et le rapport au Parlement ».

Pour autant, les désaccords programmatiques ne sont pas les seuls - ni les plus délicats - à gauche. Dans les réunions qui se tiennent actuellement la question de l’incarnation doit occuper une place au moins aussi importante. Elle est simple sur le papier : qui comme tête d’affiche derrière qui se rassembler, alors que le RN a déjà choisi Jordan Bardella et Renaissance Gabriel Attal ?

Mélenchon, Ruffin, Berger... ou une femme?

Sur le plateau de France 2 mercredi soir, Jean-Luc Mélenchon a dit se sentir « capable » d’être Premier ministre. « Je ne m’élimine pas mais je ne m’impose pas », a cependant nuancé le fondateur de LFI. En juin 2022, fort de ses 22 % et de sa place de troisième personnalité à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon avait revendiqué - et obtenu sans difficulté - le rôle de figure du rassemblement dans la campagne des législatives. La Nupes avait alors fait campagne autour du slogan « Mélenchon à Matignon ».

Mais depuis, le rapport de force a évolué et la stature de Mélenchon avec lui. Il y a d’abord eu l’affaire Quatennens, qui a valu à l’ex-parlementaire des critiques dans les rangs de la Nupes. Puis la réforme des retraites et l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre ont fissuré l’alliance jusqu’à ce qu’elle vole en éclat. Et au centre, la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, de plus en plus clivante et que certains aimeraient bien voir plus « en retrait ».

À commencer par Raphaël Glucksmann qui a proposé le nom de Laurent Berger comme Premier ministre. Ce 13 juin la socialiste Valérie Rabault estime elle sur X que « dans la perspective du rassemblement dans le Front populaire, une candidature féminine au poste de Première ministre aurait beaucoup d’atouts ». Le coordinateur national de LFI Manuel Bompard plaide de son côté pour que la proposition vienne du groupe qui aura récolté le plus de députes le 7 juillet au soir, tout comme l’écologiste Yannick Jadot souhaite que ce débat intervienne plus tard. « Ce sont des élections législatives, on ne va pas en permanence faire des présidentielles ! », réclame-t-il sur Public Sénat ce jeudi.

Sur RTL, le numéro 1 du PCF Fabien Roussel ajoute son grain de sel. « Nous sommes plusieurs » à pouvoir y prétendre, estime-t-il. « Il y a besoin d’un Premier ministre populaire pour le Front Populaire. Bienveillant, rassembleur, capable de parler à tout le monde.. Si demain nous n’avons pas de majorité absolue, il faudra bien aussi pouvoir travailler avec d’autres qui ne sont pas de nos sensibilités, il faut pouvoir travailler avec tout le monde », argumente-t-il.

Une façon d’éliminer d’emblée Jean-Luc Mélenchon, qui fait aussi de repoussoir pour une partie des socialistes ? Son homologue Olivier Faure s’est lui montré moins catégorique. « Je ne disqualifie pas (Jean-Luc Mélenchon), je dis juste que ce choix sera un choix collectif », a-t-il dit sur RMC ce 13 juin, ajoutant n’avoir « pas de problème avec le fait qu’il (Mélenchon) considère qu’il est de ceux qui peuvent prétendre à cette fonction ».

« Nous n’excluons personne aujourd’hui » car « il faut d’abord présenter le visage d’une équipe », abonde Fabien Roussel. Lequel continue de marteler que « ce qui compte aujourd’hui, c’est d’abord de présenter aux Français notre programme, d’avoir une majorité et le plus de députés possible ». Certes. Mais le choix de la tête d’affiche est tout aussi crucial, avec le risque de raviver des fractures cicatrisées dans l’urgence de la dissolution.

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