Législatives 2024: face au RN, le Sénat peut-il être un contre-pouvoir efficace?

Le dôme à l'entrée principale du Sénat à Paris, le 25 juin 2024. | Xose Bouzas / Hans Lucas / AFP
Le dôme à l'entrée principale du Sénat à Paris, le 25 juin 2024. | Xose Bouzas / Hans Lucas / AFP

Si l'on devait conter la relation tumultueuse entre la Ve République et le Sénat, le récit ferait la part belle au profond désamour dont le palais du Luxembourg fait l'objet. Le général de Gaulle, qui aurait voulu le priver de ses pouvoirs, en parlait comme d'un repaire de «vieux kroumirs racornis». Pour l'ancien Premier ministre Lionel Jospin, il s'agit d'une «anomalie parmi les démocraties».

Profondément désavouée à l'extrême gauche –le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et la France insoumise (LFI) prônent sa suppression, quand le Parti communiste français (PCF) entend entreprendre une «réflexion […] sur sa transformation démocratique»–, la deuxième chambre n'en demeure pas moins critiquée au sein du Parti socialiste (PS): outre l'ex-Premier ministre, des députés socialistes avaient par le passé évoqué une éventuelle suppression. En 2014, Franceinfo rapportait ainsi les propos d'Alexis Bachelay, député de 2012 à 2017, lequel s'était questionné sur l'utilité de cette seconde chambre législative.

Celui qui sous la Constitution de l'An VIII s'appelait «Sénat conservateur» paie le tribut de son histoire. Souvent jugé «réactionnaire», le Sénat n'a en effet connu qu'une seule majorité de gauche depuis l'avènement de la Ve République. Cette dernière fut, en outre, de bien courte durée. Présidée par Jean-Pierre Bel, la majorité (socialiste) ne dura en effet que trois ans, de 2011 à 2014.

Pourtant, à l'heure où le Rassemblement national (RN) pourrait ravir la majorité à l'Assemblée nationale et s'emparer de l'exécutif, le Sénat pourrait revenir en grâce: le contre-pouvoir qu'il incarne, bien que limité, est désormais en mesure de démontrer l'utilité d'une seconde chambre.

Deux assemblées, à quoi bon?

Élue au suffrage universel direct, l'Assemblée nationale incarne l'expression de la volonté populaire. Dès lors, comment justifier l'existence d'un contre-pouvoir élu au suffrage…

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