Législatives: dernières heures pour candidater, Quatennens renonce

Manifestation anti-RN à Paris, le 15 juin 2024 (Sameer Al-Doumy)
Manifestation anti-RN à Paris, le 15 juin 2024 (Sameer Al-Doumy)

Fin de partie sur les intentions des uns et des autres: les postulants aux législatives dans les 577 circonscriptions ont jusqu'à 18H00 pour déposer leur déclaration de candidature en préfecture, une démarche que ne fera pas Adrien Quatennens qui a  renoncé dimanche matin à se présenter dans le Nord.

Condamné pour violences conjugales en 2022, et sous pression après son investiture par LFI dénoncée par les socialistes et les écologistes, le député sortant jette l'éponge.

Il ne souhaite pas que sa candidature "soit utilisée" contre le Nouveau Front populaire "dans un moment où toute l'énergie doit être utilisée pour battre l’extrême droite", a-t-il déclaré dans une allocution à la presse à Lille.

Saluant cette décision, LFI a annoncé investir un autre candidat, Aurélien Le Coq. Mais la militante féministe Amy Bah, soutenue par la maire socialiste de Lille Martine Aubry, qui s'était portée candidate contre Adrien Quatennens, a maintenu sa candidature.

Candidatures dissidentes à gauche, alliances locales entre la droite et la majorité, ralliement de LR au RN... tout doit être acté dimanche soir, après plusieurs journées de grande confusion.

A gauche, l'offre est déjà connue depuis la formation du Nouveau Front populaire qui a réussi à se mettre d'accord en quelques jours sur un programme et des candidatures.

- Mélenchon "ne sera jamais le problème" -

Mais, au lendemain de manifestations contre l'extrême droite qui ont réuni selon les autorités 250.000 personnes dans toute la France, dont 75.000 à Paris, cette alliance, qui rassemble de l'anticapitaliste Philippe Poutou à l'ex-président François Hollande, doit encore convaincre qu'elle est capable de résister à l'hétérogénéité de ses composantes.

Première crise, LFI a refusé d'investir aux législatives plusieurs figures historiques critiques de la ligne de Jean-Luc Mélenchon, comme Danielle Simonnet, Raquel Garrido et Alexis Corbière, déclenchant la réprobation des socialistes et écologistes.

Mais le tribun s'est voulu apaisant sur une candidature à Matignon dont beaucoup ne veulent pas.

"Si vous pensez que je ne dois pas être Premier ministre, je ne le serai pas. Je ne serai jamais le problème", a-t-il déclaré sur France 3. "C'est aux partis qui constituent la coalition" de gauche de "prendre la bonne décision".

Au lendemain de la candidature surprise de l'ex-président François Hollande en Corrèze sous la bannière du Nouveau Front populaire, l'ancien Premier ministre Lionel Jospin (1997 à 2002) a, lui, aussi défendu la nouvelle union, seule "digue", selon lui, capable de contenir le parti d’extrême droite.

Il a aussi dénoncé dans Le Monde "l’arrogance" et la "légèreté" d'Emmanuel Macron dans son choix de dissoudre l'Assemblée.

- Pouvoir d'achat -

Au centre, après la déroute des européennes et "la sidération" de la dissolution, la majorité tente de se remobiliser peu à peu sous la houlette de Gabriel Attal.

Sur le pouvoir d'achat, premier thème mis en avant par les Français, le Premier ministre a promis samedi soir plusieurs mesures en cas de victoire de son camp : une baisse des factures d'électricité de 15% "dès l'hiver prochain" ou une hausse du montant de la prime dite "Macron", versée par les entreprises à leurs salariés, confirmant que les retraites seraient indexées sur l'inflation.

"Je ne crois pas que l'annonce de dépenses supplémentaires soit la réponse", a prévenu dimanche sur LCI le président du MoDem François Bayrou, allié de la majorité.

Cette dernière, qui accuse un grand retard dans les sondages, tente d'élargir son socle.

En cas de victoire, "il va falloir envisager de réunir dans un gouvernement des personnalités qui étaient éloignées les unes des autres", a relevé M. Bayrou.

- Alliances locales -

De facto dans plusieurs départements - comme celui du Premier ministre, les Hauts-de-Seine - des "pactes de non-agression" entre la majorité et la droite semblent se mettre en place, et des députés LR sortants seront assurés de pouvoir candidater sans macroniste contre eux.

Des tenants de l'aile gauche de la Macronie ont, eux, tendu la main dans La Tribune à l"ami social-démocrate" pour qu'il rejette le Nouveau Front Populaire, dont le programme est, à leurs yeux, un mélange de "démagogie" et d'"inconséquence".

Du côté de LR, le parti joue sa survie après la rocambolesque semaine consécutive au choix solitaire de son président Eric Ciotti de s'allier avec le Rassemblement national.

Sans la condamner moralement, l'ancien président Nicolas Sarkozy a dénoncé cette alliance, une erreur stratégique selon lui, car le parti risque de devenir un simple "supplétif" du RN.

A l'extrême droite, la clôture des candidatures permettra de juger des ralliements entraînés par le député des Alpes-Maritimes.

Si le patron du RN Jordan Bardella a annoncé qu'il y aurait "un candidat commun" "dans 70 circonscriptions", le Niçois semble n'avoir aucune figure nationale avec lui.

Sur le plan économique, M. Ciotti, qui s'est toujours présenté comme libéral, a dit au JDD que ses positions n'étaient "absolument pas" incompatibles avec le RN alors que Jordan Bardella veut supprimer la réforme durcissant l'indemnisation du chômage prévue à la fin de l'année.

Selon un sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune dimanche, un Français sur trois souhaite une victoire du RN, un sur quatre de l'alliance de gauche et un sur cinq de Renaissance.

Marine Le Pen, dont la soeur Marie-Caroline a fait acte de candidature dans la Sarthe, a déclaré qu'elle ne demanderait pas la démission du président Macron en cas de victoire de son camp.

far-sde/lbx