Kenya : enterrement d'un jeune tué lors d'une manifestation antigouvernementale

Les funérailles d'Ibrahim Kamau, tué lors d'une manifestation antigouvernementale, le 28 juin 2024 à Nairobi, au Kenya (Tony KARUMBA)
Les funérailles d'Ibrahim Kamau, tué lors d'une manifestation antigouvernementale, le 28 juin 2024 à Nairobi, au Kenya (Tony KARUMBA)

Prières et slogans politiques : quelques centaines de personnes ont participé vendredi dans la capitale kényane Nairobi à l'enterrement d'un adolescent de 19 ans, inhumé en "héros" après avoir été tué mardi lors d'une manifestation antigouvernementale qui a dégénéré, faisant au moins 22 morts.

A partir de la mi-journée, famille et proches d'Ibrahim Kamau, jeune moto-taxi, ainsi que des habitants de son quartier de Biafra, dans l'est de Nairobi, se sont réunis pour une cérémonie à la mosquée locale.

Son cercueil, couvert d'un drap vert frappé de croissants islamiques, a ensuite été acheminé en procession jusqu'au cimetière de Kariokor, à travers notamment les bidonvilles de Majengo et Gikomba.

Comme le veut la tradition musulmane, de nombreux hommes ont rejoint le cortège à son passage, reprenant chants religieux mais aussi quelques slogans politiques, comme "Ruto must go" ("Ruto doit partir"), devenu un cri de ralliement du mouvement de contestation qui secoue le pays depuis près de deux semaines.

Certains arboraient un drapeau du Kenya.

"C'est un héros", explique Chico, 37 ans, ami de la famille du défunt, en se disant étonné de la présence de ce "garçon très calme" dans la manifestation de mardi.

Selon ses proches, Ibrahim Kamau a été tué aux abords du Parlement quand la police a ouvert le feu à balles réelles sur la foule qui pénétrait dans l'enceinte. "Ils (les manifestants) n'étaient même pas armés", s'indigne Chico.

Après deux manifestations largement pacifiques les 18 et 20 juin, la troisième journée du mouvement "Occupy Parliament" ("Occuper le Parlement"), lancé contre le projet de budget 2024-25 du gouvernement dirigé par le président William Ruto prévoyant l'instauration de nouvelles taxes, a viré au bain de sang.

Selon l'organisme officiel de protection des droits humains (KNHRC), 22 personnes ont été tuées dans le pays, dont 19 à Nairobi.

Après l'annonce du vote du projet de budget par les députés, la foule avait pris d'assaut le complexe abritant le Parlement, saccageant et incendiant certains bâtiments, dans une attaque inédite dans l'histoire du pays indépendant depuis 1963.

Selon plusieurs ONG, la police a tiré à balles réelles sur la foule.

Cette contestation a fortement mobilisé au sein de la "Génération Z" (jeunes nés autour de l'an 2000), avant d'entraîner dans son sillage des Kényans de tous âges. Le mot d'ordre antitaxes est devenu antigouvernemental.

Mercredi, le président Ruto a annoncé le retrait du projet de budget voté par le Parlement.

rbu-sva/thm