Jean-Luc Mélenchon sur la NUPES : « le point de non-retour est franchi », écrit-il sur son blog

Le leader de La France insoumise a publié un long texte dans lequel il ne laisse plus guère planer de doutes quant à l’avenir de la coalition politique de gauche.

Jean-Luc Mélenchon, ici à Bordeaux, le 11 octobre 2023.

POLITIQUE - La guerre entre le Hamas et Israël a replongé la gauche française dans une crise profonde. Déchirés sur leurs valeurs, les partis de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) s’accusent mutuellement depuis plusieurs jours de rompre leur fragile union.

Dimanche 22 octobre, dans un billet de blog intitulé « Tuer le père », Jean-Luc Mélenchon fait lui aussi un pas vers la fin de la coalition entre La France insoumise, les Écologistes (ex-EELV), le Parti socialiste et le Parti communiste français. « Il est devenu clair que le point de non-retour est franchi, écrit ainsi le leader de LFI dans son billet publié en fin de soirée. Les bases LFI savent donc qu’elles doivent se passer des députés qu’elles ont élus il y a un an. »

Jean-Luc Mélenchon se projette déjà dans un futur proche, sur l’action à venir des élus et militants de son parti. « La menace de dissolution se précisant avec l’approfondissement de la crise politique, je recommande que le terrain soit occupé dès à présent sans pause autour de nos porte-paroles locaux », préconise-t-il.

Le leader politique évoque ensuite un « tournant d’EELV et du PC » sur leurs prises de position sur la guerre en Israël et à Gaza, qui « a été un vrai évènement, imprévu par (LFI) ». « Compte tenu du passé très attentif à la cause palestinienne de ces organisations, on s’attendait à autre chose de moins frontalement aligné sur ce sujet au moment du pire massacre de masse dans la région », écrit Jean-Luc Mélenchon dans son billet de blog.

Il met en cause Fabien Roussel, qui « met six heures à balbutier un vague soutien à la CGT du Nord, criminalisée à cause de son soutien aux Palestiniens », et Marine Tondelier, quand elle « récuse les manifestations de soutien à la Palestine avec les arguments du RN ». « Les excuses bafouillées ensuite par leur dirigeante font pitié et à maints égards aggravent son cas », enfonce-t-il. Au PS, Olivier Faure n’est pas épargné non plus dans un long paragraphe, Jean-Luc Mélenchon pointant notamment sa stratégie « illisible » et « incompréhensible ».

« Il s’agit de m’éliminer. Politiquement bien sûr... »

Le PS avait demandé mercredi 18 octobre un « moratoire » et non pas une sortie de la coalition dans l’attente de « la construction d’un nouveau cadre commun ». Chez les écologistes, on a écrit une lettre adressée aux « 151 députés de la NUPES », les exhortant « au sursaut pour éviter le chaos ». Quant aux communistes, ils avaient eux voté une résolution dimanche 15 octobre appelant à « un nouveau type d’union ».

Jean-Luc Mélenchon conclut son texte en se plaçant en victime politique et annonçant des prises de parole futures pour faire le bilan de la NUPES : « tout cela forme un paysage. J’y occupe une place spéciale puisqu’il s’agit de m’éliminer. Politiquement bien sûr... Si je ne me fais pas tuer en route par la folie de quelqu’un qui aura pris au sérieux toutes ces divagations, j’en dirai bientôt davantage ici et en conférence pour tirer les leçons de tout cela pour la suite. »

Autour de Jean-Luc Mélenchon, le premier cercle de LFI faisait front la semaine dernière. Le coordinateur du parti Manuel Bompard et la patronne des députés insoumis Mathilde Panot étaient ainsi parmi les premiers à relayer la parole de leur leader sur la guerre en Israël et à Gaza. Mais plusieurs insoumis « frondeurs », comme François Ruffin ou Clémentine Autain, ont pris leurs distances avec le refus de Jean-Luc Mélenchon et ses proches de désigner comme « terroriste » le mouvement islamiste du Hamas. La députée Raquel Garrido est même allée plus loin, estimant dimanche sur Franceinfo que Jean-Luc Mélenchon nuisait à la NUPES depuis le déclenchement de l’affaire Quatennens il y a un an.

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