Comment j’ai sauvé « Emmanuelle »

Le siège social du groupe M6, à Neuilly-sur-Seine. En 1995, la chaîne née en 1987 diffusait la série « Emmanuelle ».  - Credit:IP3 PRESS/MAXPPP
Le siège social du groupe M6, à Neuilly-sur-Seine. En 1995, la chaîne née en 1987 diffusait la série « Emmanuelle ». - Credit:IP3 PRESS/MAXPPP

Adolescent à la sortie en salle d'Emmanuelle, je confesse n'avoir jamais vu le film source de Just Jaeckin. En revanche, j'ai eu à connaître l'une de ses déclinaisons télévisuelles. À la naissance de M6, la petite chaîne qui voulait monter, Nicolas de Tavernost lança la production en neuf épisodes d'une série érotique soft labellisée « Emmanuelle ». Sylvia Kristel se contentait alors d'ouvrir chaque épisode en voix off, car ce sont d'autres actrices qui prenaient sa suite à l'écran. Comme le marché européen était visé, chacun des acteurs – il y en avait de plusieurs nationalités – parlait devant les caméras sa langue natale, puis la série était postsynchronisée pour être diffusée dans chaque pays acheteur. L'esprit de la série répliquait les recettes des longs-métrages inauguraux tournés dans les années 1970, charmants clones dénudés, exotisme aéroporté, fauteuils en rotin, saphisme occasionnel, comme une ancienne pub UTA pour rivages très Club Med. Dans mon souvenir, une musique de spa enveloppait ces badinages corsés au daïquiri.

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À l'époque, un règlement conditionnait l'octroi d'aides publiques au fait que la « langue de tournage » soit majoritairement le français. La notion de « langue de tournage » étant juridiquement floue, il incombait au CSA d'en préciser l'application. Que fit l'instance de contrôle, aujourd'hui rebaptisée ARCOM ? Si incroyable que cela puisse paraître [...] Lire la suite