Allemagne : des milliers de personnes manifestent contre la tenue du congrès de l'AfD à Essen

Allemagne : des milliers de personnes manifestent contre la tenue du congrès de l'AfD à Essen

Serrer les rangs face aux scandales et aux critiques : c'est la stratégie adoptée par le parti d'extrême droite Alternative für Deutschland, qui a tenu son congrès ce week-end à Essen, dans l'ouest dans l'Allemagne. Ses deux dirigeants, Tino Chrupalla et Alice Weidel, ont été reconduits avec une grande majorité et appellent à un grand remaniement politique.

Les récents scandales d'espionnage russe et chinois qui ont éclaboussé plusieurs cadres du parti n'ont pas eu d'impact sur sa popularité. Selon des responsables, le nombre d'adhérents à l'Alternative für Deutschland serait au contraire en constante augmentation depuis 2023.

L’AfD a même infligé une sévère défaite aux sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz aux élections européennes en obtenant 15,9 % des suffrages.

"Je pense que tout n’a pas été fait correctement de la part de tous les partis démocratiques, mais nous devons montrer que nous travaillons ensemble. Les problèmes sont si complexes en matière de migration, de changement climatique et de pauvreté et les gens croient simplement que c’est facile. Mais les réponses ne sont pas faciles la plupart du temps" explique Julia Klewin, conseillère municipale SPD d'Essen.

Cette conférence est tellement controversée que la ville a tenté de l'annuler. Les responsables locaux ont tenté d'annuler le contrat de location du bâtiment où se déroule la conférence, affirmant qu'il craignait que des infractions pénales puissent se produire, telles que l'utilisation de slogans nazis. Mais l'AfD a porté plainte et a gagné.

Tout au long du week-end, des milliers de personnes se sont rassemblées devant la salle communale où s'est tenu le congrès pour bloquer son accès aux délégués de l'AfD.

Un millier de policiers était mobilisé pour assurer la sécurité dans la ville, où les autorités avaient dit redouter "des perturbateurs d'extrême gauche potentiellement violents". Samedi, la plupart des 50 000 manifestants, selon les organisateurs, ont toutefois défilé dans le calme, portant des banderoles et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Résistance !" ou "Ensemble pour la démocratie". La police n'a pas fourni de chiffres sur les participants.

Des violences ont eu lieu à plusieurs reprises entre des manifestants anti-AfD et les forces de l’ordre. Au total, 28 policiers ont été blessés dont deux grièvement a précisé la police qui dit avoir procédé à "quelques arrestations" lors de manifestations. "Contre l'extrémisme de droite et le racisme, nous avons besoin de forces démocratiques fortes et de protestations pacifiques", a réagi la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser sur X. "Rien ne justifie la violence", a-t-elle jugé.

Pourtant, les organisateurs des manifestations estiment que ces mobilisations contribuent à faire évoluer l’opinion publique."Nous avons assisté aux manifestations que nous avons organisées ici et qui ont réussi au cours des six derniers mois. Et c’est pour cela que nous sommes là : les convaincre qu’il existe d’autres solutions que de voter pour l’AfD. L'AfD propose des solutions à court terme, mais elle ne réfléchit pas aux problèmes qui en découlent. Ils proposent des solutions simples qui semblent faciles au début, mais si on y réfléchit sur le long terme, elles ne fonctionneront pas" affirme Linda Kastrup, porte-parole de Gemeinsam laut.

En Septembre, des élections locales doivent se tenir en Thuringe, en Saxe et dans le Brandebourg. Des scrutins cruciaux pour l'Alternative für Deutschland, car ces trois Länder de l'Est du pays lui sont traditionnellement favorables. "Nous voulons gouverner, d’abord à l’Est, puis à l’Ouest et au niveau fédéral ", a déclaré Alice Weidel. Une mission centrale de son nouveau mandat sera, pour elle, de briser le cordon sanitaire établi par les autres partis contre l’AfD.