Israël bombarde Gaza, flambée de violences à la frontière avec le Liban

L'armée israélienne a bombardé vendredi la bande de Gaza dévastée et assiégée, la perspective d'une trêve rapide dans la guerre entre Israël et le Hamas palestinien s'éloignant malgré les efforts internationaux.

Au neuvième mois de la guerre, le front nord d'Israël, à la frontière avec le Liban, connaît une nouvelle flambée de violences avec des échanges de tirs transfrontaliers intenses entre le Hezbollah, un allié du Hamas, et l'armée israélienne.

Encore une fois, les espoirs d'un cessez-le-feu dans le conflit déclenché par une attaque sanglante sans précédent du mouvement islamiste Hamas contre Israël le 7 octobre semblent douchés, les protagonistes campant sur leurs positions intangibles.

Aux premières heures vendredi, des témoins ont fait état de frappes israéliennes sur le petit territoire palestinien, en proie à une crise humanitaire majeure avec une menace de famine et où 75% des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés selon l'ONU.

L'armée concentre principalement ses opérations à Rafah (sud), où elle a lancé le 7 mai son offensive terrestre indispensable selon elle pour éliminer le Hamas. Mais les bombardements et les combats continuent ailleurs dans la bande de Gaza.

- "Assez"! -

"Nous étions assis à la maison et nous mangions. Soudain la maison s'est effondrée sur nous", touchée par une frappe nocturne israélienne sur la ville de Gaza (nord), a raconté à l'AFP Anwar Harz, blessé et soigné à l'hôpital Al-Ahli. "Assez, assez de guerre et de destruction."

Plusieurs Palestiniens blessés parmi lesquels des enfants ont été transportés dans cet hôpital, l'un des rares à fonctionner, a minima, dans le territoire palestinien. A la morgue de l'établissement, plusieurs corps enveloppés dans des couvertures sont placés à même le sol.

A l'hôpital des Martyrs d'Al-Aqsa à Deir al-Balah (centre), des membres de la famille Hegazi pleurent la mort de Eyad, 10 ans, décédé selon eux de malnutrition. Des images montrent sa soeur tenant dans ses bras son corps très amaigri.

Selon l'Organisation mondiale de la santé, plus de 8.000 enfants âgés de moins de cinq ans ont été soignés à Gaza pour malnutrition aiguë, "dont 1.600 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère"

"Il y a déjà eu 32 décès attribués à la malnutrition, dont 28 parmi les enfants de moins de cinq ans", a déclaré mercredi le chef de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Selon l'armée, les troupes à Rafah "ont éliminé des terroristes, localisé de grandes quantités d'armes et des ouvertures de tunnels souterrains" et "détruit des sites d’infrastructures du Hamas".

Dans le centre et le nord de Gaza, les avions de combat israéliens ont visé des "structures ou des cellules terroristes", a-t-elle ajouté.

- Biden blâme le Hamas -

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par l'attaque lancée par le Hamas depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Sur 251 personnes enlevées, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 41 sont mortes, selon l'armée.

En riposte, l'armée israélienne a lancé une offensive de grande envergure à Gaza qui a fait 37.232 morts dont 30 ces dernières 24 heures, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

Un plan de trêve à Gaza annoncé le 31 mai par le président américain Joe Biden, principal allié d'Israël, est jusque là resté lettre morte, le gouvernement israélien et le Hamas campant sur leurs positions intangibles.

Le plan prévoit, dans une première phase, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages retenus à Gaza et de la libération de Palestiniens emprisonnés par Israël.

M. Biden a présenté ce plan comme émanant d'Israël. Mais le Premier ministre Benjamin Netanyahu l'a jugé incomplet en réaffirmant la détermination de son gouvernement à poursuivre la guerre jusqu'à la défaite du Hamas et la libération de tous les otages.

Le Hamas a lui transmis aux pays médiateurs une première réponse, qui selon une source proche des discussions, contient des "amendements" au plan, incluant "un calendrier pour un cessez-le-feu permanent et le retrait total des troupes israéliennes de Gaza". Des exigences qu'Israël a toujours rejetées.

En marge du sommet du G7 en Italie, M. Biden a blâmé jeudi le Hamas. "J'ai soumis une proposition approuvée par le Conseil de sécurité, par le G7, par les Israéliens, et le principal obstacle à ce stade est le Hamas qui refuse de signer, même s'ils ont proposé quelque chose de similaire."

- Sirènes d'alerte -

Le Hamas a pris le pouvoir à Gaza en 2007, deux ans après le retrait unilatéral d'Israël de ce territoire palestinien qu'il a occupé pendant 38 ans. Ce mouvement est considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.

Accusée par les autorités israéliennes de soutenir le Hamas, la chaîne qatarie Al Jazeera a vu son interdiction en Israël prolongée de 35 jours par la justice.

Dans le nord d'Israël, des sirènes d'alerte aux roquettes ont retenti vendredi, la police parlant de la chute de plusieurs projectiles tirés du Liban dans les environs de la ville de Kiryat Shmona.

Dans la nuit, des frappes israéliennes ont coûté la vie à deux civils dans le sud du Liban, selon l'Agence nationale libanaise, après des attaques à la roquette et au drone du Hezbollah libanais contre des cibles militaires dans le nord Israël.

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