"Va à la niche!": Marine Le Pen remet en doute le caractère raciste des propos proférés par des sympathisants RN à Montargis
"Est-ce que c’est raciste?" Auprès de La Voix du Nord, Marine Le Pen a douté ce samedi 22 juin du caractère raciste des insultes proférées par des sympathisants du Rassemblement national dans une séquence d'Envoyé spécial diffusée jeudi sur France 2.
"La question est de savoir si 'va dans ta niche' n’est pas une expression populaire de gens qui se détestent. Est-ce que c’est raciste? Moi-même, je peux le dire à l’égard de mes amis! C’est vous qui tirez la conclusion que c’est raciste du fait de la couleur de peau de la victime. Ça, c’est scandaleux", a estimé la cheffe sortante des députés RN auprès du quotidien régional.
La veille, le parquet de Montargis avait annoncé s'être saisi de ces faits: les "paroles et comportements constatés pouvant revêtir les qualifications pénales d'injures publiques et non publiques à caractère racial, provocation publique à la discrimination et violence sans incapacité à caractère racial", avait qualifié le procureur de la République de Montargis, Jean-Cédric Gaux, dans un communiqué.
"Va à la niche"
Dans ce reportage diffusé jeudi soir sur France 2 à propos de la campagne des législatives à Montargis, dans le Loiret, un couple blanc de sympathisants Rassemblement national (RN) invective sa voisine, une aide-soignante noire, qui assure être victime régulièrement d'agressions verbales et de cris de singe.
Dans l'extrait de l'émission, Divine Kinkela, qui dit vivre en France depuis 30 ans, subit des injures de la part du couple habitant la maison voisine. L'homme, interrogé alors qu'il vient de suivre le président du RN Jordan Bardella lors d'un déplacement dans une ferme, accuse "les Mustapha, les tout ce que vous voulez" de "ne pas respecter les coutumes de la France".
Puis sa compagne, dont le visage est flouté, prend à partie l'aide-soignante qui sort de chez elle. "Te voilà encore toi? On t'a invitée? Non! Tu dégages! J'ai quitté les HLM à cause de gens comme toi", lance-t-elle. "On fait ce qu'on veut, on est chez nous. Va à la niche!"
"Suis-je responsable?"
Samedi, Marine Le Pen a rejeté toute responsabilité dans les propos tenus par ces personnes dont le jardin est orné d'une affiche et de casquettes de campagne du RN: "ces gens ne sont pas des cadres, des candidats. Des électeurs? Et encore… Suis-je responsable? Êtes-vous responsable de vos lecteurs?", a-t-elle demandé à La Voix du Nord.
La séquence a fait réagir plusieurs personnalités politiques. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a dénoncé "le racisme ordinaire encouragé par la montée du RN". Le 30 juin, jour du premier tour des élections législatives, "battons l’extrême droite et ses idées racistes", a également appelé le coordinateur national de Le France insoumise, Manuel Bompard.
Sur BFMTV samedi, le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a dit craindre "que les paroles de ce type se libèrent". Le Premier ministre, Gabriel Attal, a également réagit à cette séquence, estimant dimanche dans Le Parisien que "la victoire du RN libérerait ces pulsions de haine et de violence, et appellerait en retour des violences de l’ultragauche".
Pour Marine Le Pen en revanche, "cette histoire est orientée pour faire croire que l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national susciterait spontanément des comportements racistes".