Inoxtag sur l'Everest : pourquoi le défi fou du Youtubeur est critiqué ?

Alors que le Youtubeur de 22 ans part à l'assaut du Toit du monde à partir de ce mercredi, des sherpas tirent la sonnette d’alarme. La montagne népalaise est une décharge à ciel ouvert.

Le Youtubeur Inoxtag lance un défi fou, gravir l'Everest. Mais la popularisation de cette expédition s'avère désastreuse pour l’environnement. (Capture d'écran YouTube Inoxtag)
Le Youtubeur Inoxtag lance un défi fou, gravir l'Everest. Mais la popularisation de cette expédition s'avère désastreuse pour l’environnement. (Capture d'écran YouTube Inoxtag)

C'est le grand jour : ce mercredi 10 avril, Inoxtag décolle en direction du Népal. Fort de 7 millions d'abonnés, le 9ème youtubeur le plus regardé en France s'attaquera à l'Everest, après un mois d'acclimatation dans la zone du camp de base. Les critiques n'ont pas tardé à faire surface sur les réseaux sociaux, pointant en particulier l'aspect anti-écologique d'un tel défi.

Chaque année, les plus négligents des alpinistes, amateurs ou non, abandonnent derrière eux des tentes, des bouteilles d'oxygènes, des tonnes de matériel d'escalade et de restes de repas sur la montagne himalayenne. Et tandis que 600 à 900 de ces grimpeurs réussissent chaque année à atteindre le plus haut sommet du monde, qui culmine à 8 848 mètres, une montagne de déchets s’amasse. Celle des détritus qu’ils produisent au cours de leur périlleuse expédition et qu'ils ne redescendent pas.

L’Everest, une expédition désastreuse pour l’environnement

D’une part, les détracteurs d'Inoxtag s’inquiètent donc de son impact écologique. Le youtubeur contribuera-t-il à polluer le Toit du Monde ? "Forcément", répond le média Libération dans une tribune.

"Par son âge, sa popularité, il envoie un message délétère à ses jeunes fans (…). Si on aime l’Everest, si on respecte ce sommet, il faut accepter de ne jamais s’y rendre".

Au total, le tourisme sur l’Everest génère plus de 250 tonnes de déchets chaque année. Ils sont produits à chaque étape du parcours, notamment au camp de base où près de 3 000 personnes vivent pendant près de 2 mois, selon le témoignage de sherpas qui luttent pour que les alpinistes reprennent avec eux leurs détritus et publient régulièrement des vidéos édifiantes.

Durant la dernière saison d'escalade, un explorateur français, Luc Boisnard, et son équipe avaient ramassé 1,6 tonne de déchets plastiques sur l'Himalaya.

"Derrière chaque rocher, on trouve quantité de bouteille d'oxygène, de conserves, des toiles de tente, des chaussures, c'est vraiment aberrant", déclarait le chef d’entreprise de 53 ans en 2023.

Une ascension qui requiert beaucoup d'expérience...

D’autre part, certains internautes soulignent la dangerosité du projet et critiquent l’inexpérience du Youtubeur. Depuis l’annonce d’Inoxtag, il y a un an, du "projet d’une vie", beaucoup ont rappelé les chiffres de la mortalité d’une telle ascension et la nécessité de s’y préparer durant de longues années - entrainement qu’Inoxtag a réduit à un an.

En 2023, 656 personnes ont entrepris de grimper l'Everest, dont deux sans oxygène. Un chiffre légèrement en baisse par rapport à 2019 et son record de 876 grimpeurs. 2023 reste toutefois l'année la plus meurtrière avec 18 décès recensés par la base de données de l'Himalaya.

...et beaucoup d'argent

Autre sujet au cœur des critiques : l’argent. Inoxtag renvoie peut-être l’image d’un voyage accessible aux plus motivés, mais l’expédition est aussi très coûteuse. Sur les 35 000 dollars minimum déboursés par chaque alpiniste pour entreprendre ce défi ultra organisé, 4 000 sont reversés comme caution et remboursés si la personne redescend avec un minimum de 8 kg de déchets par personne.

C’est l’une des réglementations mises en place par le Népal pour lutter contre le surtourisme et la pollution, comme cette récente obligation pour les grimpeurs de redescendre eux-mêmes leurs selles dans un sac plastique au camp de base. En effet, on compte trois tonnes d’excréments entre le camp 1, au pied de l’Everest, et le camp 4 avant le sommet.

Si des campagnes de nettoyage ont été lancées pour recycler les déchets laissés à haute altitude, elles ne seront sûrement pas suffisantes. Montagnes Magazines souligne de multiples sources d’inquiétude : trop d’opérateurs bon marché pour gravir l’Everest, beaucoup d’évacuations de grimpeurs inexpérimentés en hélicoptère, un camp de base à l’agonie… À l’avenir, celui-ci pourrait bien être déplacé. Une solution parmi d’autres pour enrayer la catastrophe écologique et touristique.

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