Ligue des champions: "Nous jouons contre le Qatar", pourquoi les supporteurs de Dortmund détestent le PSG

Ligue des champions: "Nous jouons contre le Qatar", pourquoi les supporteurs de Dortmund détestent le PSG

Devant le Signal Iduna Park, pour le dernier match à domicile avant de recevoir le PSG, face à Leverkusen (1-1), les supporteurs de Dortmund se montrent enthousiastes, heureux. En buvant une bière et en finissant leur bratwurst (sandwich de saucisse grillée), ils affichent leur confiance avant d’affronter Paris en demi-finale de la Ligue des champions, dix jours plus tard. "Je pense que nous allons les battre 3-1 ici. Nous, nous avons une équipe collective et très complète", glisse Julian, écharpe jaune et noire autour du cou. Et même si entre temps, le BVB a sombré à Leipzig (4-1), les fans veulent particulièrement battre le PSG. Un club dont les plus fervents suiveurs de Dortmund ne partagent pas les valeurs: "On ne les aime pas trop ici. Je trouve leurs joueurs arrogants", lâche Claudia, venue au stade avec son fils.

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Beaucoup ont du mal quand on évoque une éventuelle supériorité parisienne. "Oui, Paris est fort grâce à Mbappé, mais nous sommes aussi performants d’un point de vue collectif dans cette compétition", ajoute Sébastian. Plus globalement, à Dortmund, on moque la politique de Paris ces dernières années qui consiste, pensent les plus fervents, à empiler des stars achetées très chères avec l’argent du Qatar. "Les fans n’aiment pas beaucoup le PSG car ils se considèrent comme des fans traditionnels, dans un club traditionnel et pour eux, le PSG n’est qu’un nouveau riche", explique Jesco Von Eichmann, journaliste qui suit le club pour Sky Sports. Son collègue Patrick Berger ajoute: "Ce n’est pas un sujet si énorme de mal parler de Paris. Mais bien sûr, les supporteurs se rendent compte que le PSG dépense beaucoup d’argent et n’a toujours pas remporté la Ligue des champions. Ici, les gens sont très fiers de gagner de l’argent ou des victoires par eux-mêmes. Grâce à l’environnement local, les sponsors locaux, les fans... Je dirais que c’est une spécificité allemande. Et il y aurait une grande fierté à battre une équipe comme le PSG, adossée à un Etat."

Autre sujet de tension: le prix des billets. Les supporteurs de Dortmund s’étaient plaints, via une banderole, des tarifs au Parc des Princes lors du match (1-1) en phase de groupe. Même chose pour la demi-finale retour prévue à Paris, pour laquelle le PSG aurait même, selon des médias allemands, réduit le nombre de places en tribune visiteuse.

"Nous ne jouons plus contre des clubs de football, mais contre des États"

Cette opposition a donc une connotation politique, dans un pays où les fans se disent très attachés à certaines valeurs humaines, à l’indépendance des clubs et souvent hostiles aux investisseurs privés. Le Qatar avait aussi, entre autres, été la cible de la sélection allemande au Mondial 2022, avec l’affaire du brassard 'One Love'. Et ces combats ne se limitent pas aux tribunes puisque ces derniers mois, des dirigeants du Borussia ont aussi lâché quelques saillies. En novembre dernier, lors d’une assemblée générale, le directeur général du BVB, Hans-Joachim Watzke, avait déclaré à propos du PSG et de Newcastle: "Nous ne jouons plus contre des clubs de football, mais contre des États. Nous jouons contre le Qatar, qui est le principal propriétaire du PSG, et contre l’Arabie saoudite, qui est le principal actionnaire de Newcastle."

Ce dernier avait déjà remis en doute le respect du fair-play financer par le club parisien ces dernières années, tout en soulignant sa masse salariale très élevée. Et ce n’est pas anodin quand Edin Terzic, l’entraîneur du Borussia, répondait à une question de RMC Sport en conférence de presse avec cette réponse: "La différence entre nous et le PSG, c'est que le PSG, dès le début de la campagne de la Ligue des champions, pensait déjà à la finale, qu'ils veulent gagner depuis de nombreuses années maintenant." Histoire de mettre un peu plus de pression au club français, qui court toujours après un premier sacre en C1.

Article original publié sur RMC Sport