Inondations dans le sud du Brésil: au moins 56 morts, routes et communications coupées dans la métropole Porto Alegre

Des habitants attendent d'être évacués de leur maison inondée à Eldorado do Sul, dans l'Etat du Rio Grande do Sul, le 3 mai 2024 au Brésil (Anselmo Cunha)
Des habitants attendent d'être évacués de leur maison inondée à Eldorado do Sul, dans l'Etat du Rio Grande do Sul, le 3 mai 2024 au Brésil (Anselmo Cunha)

Le bilan s'est alourdi samedi au Brésil où des inondations ont dévasté l’État du Rio Grande do Sul depuis plusieurs jours, faisant au moins 56 morts et 67 disparus dans cette région du sud du pays où la capitale régionale Porto Alegre est fortement touchée.

Ce nouveau bilan a été communiqué par la défense civile brésilienne samedi.

Selon le gouverneur, l’État du Rio Grande do Sul vit le "pire désastre climatique de son histoire" avec près de 300 localités touchées.

Des routes ont été coupées par les flots et les communications sont perturbées dans cet État où il devrait pleuvoir au moins jusqu'à dimanche et les autorités ont donné l'ordre d'évacuer certains quartiers de la métropole de Porto Alegre

Le dernier comptage des autorités recense également 74 blessés et 24.600 personnes qui ont dû quitter leur domicile, dont plus de 8.200 sont désormais hébergées dans des installations comme des centres sportifs ou culturels.

Dans l'un d'eux, à Gravatai, au nord de Porto Alegre, Claudio Almiro raconte que quand il est sorti de chez lui, il avait "de l'eau jusqu'aux hanches". "J'ai tout perdu", confie-t-il.

La tâche des secouristes est redoutable, des villes entières étant pratiquement coupées du monde, rendues inaccessibles par les inondations.

Zones d'habitations noyées à perte de vue, routes détruites ou ponts entraînés par le courant, sans compter les ruptures de barrages qui risquent d'aggraver encore la situation: les dégâts humains et matériels sont considérables et surtout concentrés dans la région centrale de cet État frontalier de l'Argentine et de l'Uruguay.

A Porto Alegre, capitale régionale aux quelque 1,5 million d'habitants, le désastre va être "sans précédent", a averti le gouverneur Eduardo Leite.

Vendredi, des rues du centre historique de la ville ont à leur tour été envahies par l'eau en raison de la crue exceptionnelle du Guaiba, fleuve emblématique du Sud brésilien, a constaté l'AFP.

Les autorités estiment que le niveau du Guaiba pourrait atteindre 5 mètres dans les heures qui viennent. Le record historique, datant de 1941, est de 4,71 m.

"Malgré le grand effort de confinement, le barrage qui retient la rivière Gravatai (...) a recommencé à déborder. Les communautés doivent quitter la zone", a écrit sur X le maire de Porto Alegre Sebastiao Melo, en référence à une autre rivière qui traverse la ville.

L'aéroport international de Porte Alegre a suspendu ses activités pour une durée indéterminée.

- "Pire désastre" -

Dans l’État du Rio Grande do Sul, au moins quatre barrages "sont en situation d'urgence, avec un risque de rupture", ont alerté les autorités locales.

A Capela de Santana, au nord de Porto Alegre, Raul Metzel raconte que ses voisins ont dû abandonner leur bétail. "Ils ne savent pas si l'eau continuera à monter ou ce qui arrivera aux bêtes, elles peuvent se noyer bientôt".

Au milieu de la catastrophe, quelques scènes réconfortent, comme le sauvetage de quatre femmes enceintes dans la localité d'Agudo, emmenées par hélicoptère jusqu'à un hôpital.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a visité la région jeudi, promettant qu'elle ne manquerait pas de "moyens" humains ou matériels face à cette tragédie.

Le gouvernement fédéral s'est engagé à envoyer des hélicoptères et des bateaux, ainsi que plus de 600 militaires pour renforcer les opérations de secours et la distribution de vivres.

- "Crise climatique" -

Les prévisions météorologiques sont inquiétantes, des pluies d'une "extrême sévérité" devant persister jusqu'à dimanche, selon la Défense civile, qui a aussi alerté sur le risque de débordement d'un autre cours d'eau, le fleuve Uruguay.

Des centaines de milliers de personnes ont été privées d'électricité. L'approvisionnement en eau est également compromis dans de nombreuses localités, tout comme l'accès à internet ou aux réseaux de téléphonie mobile.

Au nord du Rio Grande do Sul, l’État voisin de Santa Catarina est désormais lui aussi frappé par les pluies.

Le Rio Grande do Sul a déjà été touché à plusieurs reprises par des intempéries meurtrières, notamment en septembre, quand 31 personnes avaient péri après le passage d'un cyclone dévastateur.

Selon les experts, ces phénomènes climatiques extrêmes ont gagné en fréquence et en intensité avec le réchauffement climatique.

Le Brésil a vécu une période de sécheresse historique l'an dernier dans le nord du pays et le nombre de feux de forêt a atteint un record de janvier à avril, avec plus de 17.000 foyers recensés dans tout le pays, plus de la moitié en Amazonie.

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