INFO BFMTV. Affaire Péchier: le parquet demande un procès contre l'anesthésiste pour 30 empoisonnements

Vers un procès devant une cour d'assises? Selon nos informations, le parquet réclame un procès contre l'anesthésiste Frédéric Péchier soupçonné d'avoir empoisonné 30 patients entre 2008 et 2017 dans deux cliniques des Besançon.

L'enquête a débuté en 2017 après l'alerte lancée par une anesthésiste d'une clinique de Besançon après trois arrêts cardiaques inexpliqués de ses patients lors d'opération. Les poches de perfusion avaient été saisies et des analyses avaient démontré que les doses de potassium étaient 100 fois supérieures à la normale.

12 patients décédés

Les investigations sur d'autres événements de ce type survenus dans deux cliniques avaient conduit à la mise en examen en mai 2019 de Frédéric Péchier pour 17 cas d'empoisonnement. Aujourd'hui, il est soupçonné de 30 cas d'empoisonnements dont 12 ont conduit à la mort du patient.

L'accusation soupçonne Frédéric Péchier d'avoir injecté des produits en quantité suffisante pour provoquer un arrêt cardiaque. Le médecin était alors appelé pour poser un diagnostic et parvenait à sauver le patient, dans de nombreux cas. Selon les enquêteurs, l'anesthésiste aurait agi de la sorte pour valoriser ses talents de réanimateur mais aussi pour discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit.

Ces mêmes enquêteurs avaient été mis sur la piste de Frédéric Péchier alors que tous ces incidents sont intervenus à une période où il était en conflit avec d'autres collègues. Sa présence a également été remarquée près des salles d'opération lors de chaque empoisonnement et lors de chaque intervention, il est capable de poser un diagnostic rapide en injectant les bons produits.

Ces arrêts cardiaques sont d'ailleurs tous intervenus quand un autre de ses collègues anesthésistes était présent, jamais quand le Dr Péchier était au bloc.

L'anesthésiste nie

Frédéric Péchier nie être à l'origine de ses empoisonnements. "Depuis le départ, on a dit 'c’est Péchier', ça arrange bien tout le monde, notamment la clinique. On m’accuse même de cas survenus alors que j’étais absent! Et faute de preuves, on essaie de trouver une cause", confiait-il en mars dernier au Parisien, rappelant qu'"en France, un tiers des décès liés à l'anesthésie n'ont pas de cause identifiée".

"Frédéric Péchier a toujours tout contesté en affirmant qu’il n’y a aucune preuve et que les éléments à charge sont une construction intellectuelle", rappelle Me Randall Schwerdorfer, son avocat. "De son côté, le parquet estime qu'il y a des éléments accablants (...) il y a deux visions diamétralement opposées, qui devront être tranchées par une cour d'assises neutre."

Mis en examen pour 30 empoisonnements, 7 avec préméditation et 23 sur personnes vulnérables, le parquet de Besançon, dans un réquisitoire de 536 pages, réclame donc un procès devant la cour d'assises pour l'homme de 52 ans, qui a obtenu récemment la possibilité d'exercer comme simple médecin. C'est désormais au juge d'instruction de prendre sa décision et de renvoyer ou non l'anesthésiste devant une juridiction.

Article original publié sur BFMTV.com