"Outré et choqué que la FFA ose faire ça": la colère d'Hugo Hay, visé par une enquête disciplinaire de la Fédération d'athlétisme

Hugo Hay, que vous reproche la Fédération Française d’athlétisme et quand avez-vous reçu le courrier vous indiquant l’ouverture d’une procédure disciplinaire?

J’ai reçu le courrier hier (vendredi 14 juin), et la première réaction est la surprise. Je me suis dit, oulah, j’ai dû dépasser les bornes, dire quelque chose qui a dépassé ma pensée. Donc j’ai tout de suite regardé les preuves apportées dans le courrier, et j’ai rigolé. Je me suis dit que ça irait, car personne ne peut me suspendre avec ça. Mais j’étais outré et choqué qu’ils osent faire ça. Puis j’ai vu la date de la convocation (le 4 juillet prochain) … J’ai juste reçu le courrier, arrivé de nulle part.

Donc aucune discussion ou mise en garde auparavant du directeur de la haute-performance Romain Barras, ou d’un autre membre de la FFA?

Au moment de l’affaire, un autre athlète s’est fait remonter les bretelles mais pas moi. Ça sort en plus dans une bonne période pour l’équipe de France, après une semaine réussie. J’étais assez surpris.

La FFA vous reproche donc d’avoir critiqué la FFA et ses dirigeants. Pour vous, ce n’est pas justifié par rapport à vos tweets?

C’est n’importe quoi ! J’ai même vérifié mes stories (sur Instagram), car je me connais, une chose peut m’échapper mais il n’y a rien. J’essaie de faire attention, on a une limite dans ce qu’on peut dire. Il n’y a que ces tweets-là. On me reproche un retweet de Simon Bédard (athlète directement concerné), qui dit qu’il va arrêter sa carrière. Pourquoi me convoquer moi et pas Simon dans ce cas, c’est incompréhensible. Je retweet aussi Laurent Meuwly, l’entraîneur de Femke Bol. Ce sont des choses publiques. C’est assez ubuesque comme mise en cause.

Vous êtes connu dans le monde de l’athlétisme pour dire tout haut ce que certains pensent tout bas. Pensez-vous que cela puisse être une circonstance aggravante dans votre cas? Puisque d’autres athlètes ont tancé la FFA sur leurs réseaux sociaux ou en interview (comme Sasha Zhoya et plusieurs autres)...

Je ne veux surtout pas que d’autres athlètes soient mis en difficulté. Mais c’est un de mes axes de défense. Beaucoup d’autres athlètes ont parlé, français et étrangers, et il n’y a que moi qui suis convoqué. Pourquoi ? Y’a-t-il d’autres affaires en sous-marin ? Est-ce que c’est par rapport à ma liberté de ton ? Je suis dans la critique mais constructive. Est -ce que c’est de l’intimidation ? Oui, cela a dû jouer que ce soit moi. Je verrai quand j’aurais tous les éléments du dossier. Car pour le moment, vus les éléments, ça ne me fait pas peur.

Quelles sont vos relations avec la FFA?

Quasiment inexistantes. Je suis hors du système fédéral, je fais mon projet à moi. Je ne suis pas salarié de la Fédération. Je ne vais presque pas en stage nationaux. J’ai des contacts avec mon référent de spécialité, mais jamais avec la DTN ou la haute-performance. Peut-être parce que je suis critique par rapport à leur politique. Mais quand on me demande d’être là à un rassemblement national, je suis là et il n’y pas de problème. Ce ne sont pas les meilleures relations mais c’est un sport individuel, donc il n’y a pas de problème. Je suis dans le cercle 3, je reçois 4000€ à l’année d’aides. Je ne suis pas dans la ligue Pro. Ça peut être une des sanctions.

Craignez-vous de ne pas être sélectionné pour les Jeux Olympiques à cause de cette procédure?

Non, je n’ai absolument pas peur de ça. Juridiquement, cela ne passer pas. L’opinion publique est de mon côté et la FFA ferait une bêtise en faisant cela. J’ai envoyé hier (14 juin) un message au président André Giraud, car c’est lui qui a signé la demande d’ouverture de la procédure. Je lui ai dit que ce n’était pas une bonne idée. J’espère que la commission va être annulée après une levée de bouclier en interne et que la commission des athlètes du CNOSF va m’aider. Je veux être blanchi, il y a un droit à la critique. Mes propos ne sont ni discriminatoires, ni injurieux. Mes critiques ont même été assumés par Romain Barras lui-même, le directeur de la haute performance. C’est inquiétant de voir comment est perçue la critique par la FFA.

Aucune réponse encre du président André Giraud?

Malheureusement non. A priori, la demande de sanction ne viendrait pas de la haute-performance mais je n’ai reçu aucun message. A la FFA, certains veulent rester anonymes mais m’ont soutenu. Ils sont atterrés par cette décision et vont essayer de faire évoluer les choses en interne.

La date de convocation de la commission de discipline est le 4 juillet. C’est un gros problème dans votre préparation olympique ?

Je n’y serai pas physiquement. S’ils refusent que j’y sois en visio, je n’y serai pas du tout et je dénoncerai la mascarade. Je suis en pleine préparation olympique, à Saint-Maurice. Je ne fais que l’aller-retour aux championnats de France d’Angers. Le choix de la date, je ne sais pas si cela est fait exprès. Ce n’est pas très intelligent pour mettre les athlètes dans les meilleures conditions. Même si je n’ai pas peur, car il n’y a rien dans le dossier.

Après deux blessures en 2024 et une absence aux Championnats d’Europe de Rome, où en êtes-vous justement avant les Jeux de Paris 2024 ?

Ce n’est pas l’année idéale mais ça revient bien. J’ai fait mes deux premières séances de qualité, j’ai encore sept semaines de préparation. J’ai la chance de courir vers la fin des Jeux Olympiques. Il y a encore du temps même si évidemment, je ne dois plus me blesser. C’est un peu juste niveau timing mais je suis confiant, j’ai montré la saison dernière que je n’avais pas besoin de courir beaucoup avant une grande compétition. Je reste à Saint-Maurice jusqu’au 19 juillet.

Article original publié sur RMC Sport