Affaire Péchier: déjà mis en examen pour 26 empoisonnements, l'ex-anesthésiste entendu sur 5 nouveaux cas

C'est un dossier déjà hors normes qui pourrait s'alourdir encore un peu plus d'ici la fin de la semaine. Le docteur Frédéric Péchier a rendez-vous à partir de ce mercredi dans le bureau du juge d'instruction en charge de cette affaire d'empoisonnements dont est suspecté l'ancien anesthésiste.

Le magistrat du tribunal judiciaire de Besançon souhaite interroger Frédéric Péchier sur huit nouvelles plaintes déposées par d'anciens patients ou proches d'anciens patients du médecin réanimateur. Depuis le début de cette affaire 2017, l'anesthésiste est soupçonné de 26 cas d'empoisonnement présumés dont dix mortels.

Droit au silence

Le 8 mars dernier, Frédéric Péchier avait déjà été entendu sur trois des huit dernières plaintes déposées. Il avait à nouveau été mis en examen pour deux nouveaux cas, dont un mortel, et placé sous le statut de témoin assisté pour un troisième. Pendant ces trois heures d'audition, l'ancien anesthésiste, qui est interdit par la justice d'exercer la médecine, doit être entendu sur les cinq derniers cas pour lesquels il est soupçonné.

Lors de son dernier rendez-vous dans le bureau du juge d'instruction, Frédéric Péchier avait fait usage de son droit au silence. Son avocat Me Randall Schwerdorffer avait annoncé que ces nouvelles mises en examen seraient contestées par une requête en annulation. La défense dénonce par ailleurs une "enquête à charge".

La question du mobile

Frédéric Péchier est soupçonné d'avoir pollué des poches de perfusion de patients entre 2008 et 2017 dans deux cliniques privées de Besançon pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur, mais aussi pour discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit.

Les soupçons sont apparus lorsqu'une anesthésiste d'une clinique de Besançon a donné l'alerte après trois arrêts cardiaques inexpliqués de ses patients en pleine opération. Les poches de perfusion avaient été saisies et des analyses avaient révélé des doses de potassium 100 fois supérieures à la normale.

La direction de la clinique a ensuite présenté aux enquêteurs de la police judiciaire de Besançon 66 cas d'EIG (événement indésirable grave) survenus dans leur établissement. Ces investigations ont mené, en mai 2019, à la mise en examen de Frédéric Péchier pour 17 nouveaux cas d'empoisonnement concernant des patients âgés de 4 à 80 ans, dont neuf mortels. Alors que l'information judiciaire arrive à son terme, reste à savoir pour combien de cas pourrait être renvoyé l'ancien anesthésiste.

Article original publié sur BFMTV.com